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fluide & plus mobile, & c’est ce que l’on obtient souvent indifféremment de toute espèce de topique appliqué sur la tumeur, & capable de boucher les pores.

Dans le troisième cas enfin, c’est-à-dire, dans la circonstance d’une action spontanée trop languissante, de l’épaississement de la matière arrêtée, de son séjour dans un lieu peu exposé aux coups des vaisseaux, d’un engorgement dont la formation lente est l’effet de la congestion, il s’agit d’exciter une inflammation dans la partie, d’irriter, d’agacer, de réveiller les solides, de solliciter en eux des mouvemens proportionnés à ce qu’on doit en exiger ; de les mettre, en un mot, en état d’agir sur l’humeur stagnante, de manière à la décomposer, & par conséquent de recourir à des substances actives & irritantes, selon le besoin.

Les plantes émollientes & anodines, telles que les feuilles & les fleurs de mauve, de guimauve, de bouillon blanc, de violier, de mercuriale, de pariétaire, de seneçon, de poirée, de linaire, &c. les fleurs de lis blanc, les figues grasses, l’oseille, les jaunes d’œufs, les cataplasmes de raves, de pain de froment & le seigle, de semences d’orge, de lin, d’avoine cuites dans l’eau, dans la bière, dans le lait, dans des décoctions de plantes émollientes, l’onguent d’althea, rempliront la première indication.

Le miel, le beurre, les moelles, la cire, l’huile, les graines, la poix, la résine sous une forme emplastique, l’onguent basilicum, &c. satisferont à la seconde.

Le levain de froment, la bulbe d’ail, les oignons de scille & les oignons ordinaires, les fientes de bœuf, de chèvre, de porc, de pigeon ; les graisses & les huiles suranées, les gommes ammoniaques, élémi, le galbanum, le bdellium, l’opopanax, le sagapénum, l’emplâtre de diachilon gommé, celui de galbanum safrané, &c. sont les topiques à préférer pour satisfaire à la troisième ; & si telle est la langueur des solides, que ces médicament n’aient point encore assez d’énergie & d’activité pour les porter au degré d’action auquel importeroit de les contraindre, on recourra à l’euphorbe, à la semence de moutarde, aux cantharides, &c.

Ces dernières substances très-irritantes, sont quelquefois de la plus grande ressource dans la pratique de la chirurgie vétérinaire, lorsqu’il s’agit de fixer une humeur qui s’annonceroit par un engorgement au-dehors du corps de l’animal, mais dont le transport & le rejet subit au-dedans & sur des viscères est essentiles, occasionneroient en très-peu de temps la perte des animaux. C’est ce qu’on a éprouve dans un maladie épizootique des bœufs. Par une métastase heureuse de l’intérieur à l’extérieur, l’humeur morbifique & maligne se manifestoit par un dépôt sur un des boulets ; mais un reflux fatal & prompt causoit la mort des malades en moins de douze heures ; on crut pouvoir y parer par l’application des épispastiques sur la partie ; ils y excitèrent une inflammation très-vive, l’humeur y fut retenue, & un traitement méthodique ayant opéré la suppuration, tous ces animaux furent rendus aux cultivateurs.