Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/425

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tirer des pierres calcaires. Cette division, quoique très-simple & très-naturelle, n’est pas rigoureusement vraie, puisqu’à l’aide d’un feu violent & soutenu, il est possible de réduire toutes les terres & toutes les pierres en verre. C’est par l’extrême que l’on parvient à la vitrification de la première. L’extrême ne détruit pas la vérité générale de la division en deux classes.

3°. Ces deux espèces, si distinctes par leurs caractères & par leurs résultas en agriculture, offrent encore quatre divisions bien marquées ; 1°. la terre calcaire proprement dite, ou alcaline, que l’on réduit facilement en chaux ; 2°. la pierre gypseuse ou plâtre, qui se convertit par le feu en une espèce de chaux ; celle-ci, dans son état de chaux, fait effervescence avec les acides : 3°. la terreargileuse, visqueuse & ductile, qui se consolide, se lie au feu, & donne des étincelles, frappée avec l’acier ; 4°. la terre vitrifiable, proprement dite, qui se fond au feu, donne des étincelles, & ne peut être attaquée par les acides. (Consultez les mots écrits en lettres italiques)

4°. Comme la terre n’est que le débri des pierres du voisinage, on peut, par la simple inspection des rochers & des montagnes voisines, déterminer la nature de la terre des environs. J’examine une longue suite de rochers, & je vois que les couches dont ils sont composés, sont ou parallèle à l’horizon, ou qu’elles ont une inclinaison régulière ; je dis alors, toutes ces couches sont calcaires : elles sont un dépôt formé par les eaux, soit du déluge, soit par la mer (l’examen de l’une ou de l’autre hypothèse n’est pas de notre ressort) : j’appelle ces rochers & ces montagnes, les indicateurs du monde nouveau. Si au contraire les rochers qui établissent la grande charpente des montagnes, au lieu d’avoir des couches régulières, ont leurs scissures perpendiculaires ou obliques dans leur généralité ; si leurs blocs, sont irréguliers dans leur forme, dans leur volume, dans leur position, ils m’annoncent des êtres de nature vitrifiable, antérieurs au bouleversement du globe par les eaux, & par conséquent antérieurs à la formation des montagnes calcaires & à couches régulières : de telles montagnes sont de l’ancien monde, ou monde appelé primitif.

5°. Le bouleversement causé par les eaux n’a pu s’effectuer sans mélanger les débris de ces différentes montagnes : ils se sont heurtés les uns contre les autres ; ils se sont usés & réduits en parties plus ou moins fines ; enfin, ce mélange a formé la terre que l’on cultive. Toute pierre lisse & arrondie a été charriée par les eaux ; c’est par le frottement soutenu contre d’autres pierres, qu’elle est devenue telle : on n’en trouve jamais de semblable dans les carrières, à moins qu’elle n’y ait été voiturée avec la substance qui, dans la suite, s’est cristallisée, & a formé la carrière.

6°. Ce qui s’est effectué en grand lors du bouleversement général, s’exécute chaque jour en petit sous nos yeux. L’acide disséminé dans l’air atmosphérique agit sans discontinuité, mais lentement, sur les pierres calcaires ; peu-à-peu il dissout une légère partie de leur surface ; la pluie survient, elle détache la partie dissoute, & entraîne dans