Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/427

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cules très-déliées. Ce sont principalement ces dernières qui constituent la craie ; les principes de son adhésion sont la substance proprement dite de l’animal, & la partie gélatineuse ; l’air fixe, (consultez ce mot) qu’elles contenoient, a servi à la crystallisation, & à donner de la solidité à la masse entière.

Les autres dépôts, formés par la mer, sont d’immenses bancs de sable, tels qu’on le voit entre Bayonne & Bordeaux, entre Anvers & le Mordik, & qui, malgré la distance du sud de la France, au nord de la Flandres Autrichienne, sont identiques par leur nature.

Dépôts.

9. Autant les premiers sont fertiles lorsqu’on parvient à détruire leur ténacité & à les diviser, autant les seconds sont infertiles ; 1°. parce qu’ils contiennent peu de parties calcaires ; 2°. parce que leur division est extrême ; 3°. parce qu’ils sont incapables de retenir l’eau nécessaires la végétation des plantes. Il en est ainsi des dépôts sabloneux formés par les rivières.

10. Je regarde les dépots de cailloux, comme provenant des rivières, & non réellement de la mer proprement dite, lorsque les eaux couvroient une plus grande partie du globe que nous habitons. Ce sont les courans formés par ces rivières, qui, dans l’intérieur de la mer, charrioient ces cailloux, & qui les ont successivement accumulés en masses dans différens lieus ; aussi ces blocs, ces amas sont-ils toujours mêlés avec une portion de terre, & agglutinés les uns aux autres, soit par un lien minerai, soit par un lien ou gluten animal, & quelquefois par tous les deux ensemble. Mais si les masses de cailloux & de graviers n’ont entre eux aucune ou presqu’aucune adhérence, le dépôt alors a été formé dans la partie correspondante au point de réunion de deux courans de rivières.

11. On ne peut nier que les amas & couches de pierres coquillières ne soient dus à des dépôts établis par les courans de la mer. Telles sont ces couches remplies de graphites & de grandes cornes d’ammon sur les monts d’Or, près de Lyon ; les grandes huîtres à semelle, les pousse-pieds dont le banc commence près de Saint-Paul-Trois-Châteaux en Dauphiné, & se prolonge jusqu’au delà de Narbonne en Languedoc. Il en est ainsi de ces couches remplies de plantes, telles que les capillaires, les polytrics, les fougères, &c. qui servent de toit à presque toutes les carrières du charbon de terre du royaume, sur-tout dans celles du Forez, & les carrières du pays de Liège. Les plantes originales sont inconnues en Europe, & il n’a été possible de les spécifier qu’après que le père Plumier a eu publié l’histoire des fougères & capillaires de l’Amérique.

Les grands bouleversemens causés par les volcans, ont singulièrement multiplié les variations dans la nature du sol de la France. Ces volcans ont successivement occupé près d’un quart de la superficie. Entre Marseille & Toulon on voit les restes d’un volcan qui semble détaché de leur grande masse ; mais si l’on part de celui d’Agde près de la mer ; si on remonte à droite en tirant vers l’est, & du midi au nord, on voit leurs débris couvrir tout le territoire