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prise à l’air ; elle ne peut être entraînée par l’expectoration ; elle s’accumule de plus en plus ; les vésicules pulmonaires se trouvent inondées ; L’entrée & la sortie de l’air sont gênées ; l’animal éprouve une difficulté de respirer ; il est oppressé ; il est prêt à suffoquer. De-là l’excès de viscosité, de fluidité, ou d’acrimonie de la lymphe bronchique, sont les causes immédiates de la toux de poitrine. La toux a aussi quelquefois son siège dans l’estomac ; d’autres fois elle est symptomatique. Ainsi nous diviserons les diverses espèces de toux, en toux de poitrine, en toux d’estomac, & en toux symptomatique.

ARTICLE PREMIER.

De la toux de poitrine.

La toux est pour l’ordinaire l’effet d’une humeur qui se jette sur les poumons, ou d’un rhume, &c. qu’on appelle vulgairement & fautivement rhume de cerveau ; car le siège de cette maladie n’est point dans le cerveau, mais dans l’intérieur des narines & des sinus frontaux & maxillaires. C’est un engorgement souvent légèrement inflammatoire des membranes qui tapissent ces cavités, lesquelles correspondent toutes entre elles. Cet engorgement, occasionné par la suppression de la transpiration, est appelé par le peuple, comme nous venons de le dire, rhume de cerveau, soit qu’il en soit atteint ou son bétail ; il ne lui donne le nom seul de rhume, que lorsqu’il y a de la toux ; mais la toux est une autre maladie, qui, le plus souvent, n’est due qu’à un rhume qui a été, ou mal traité, ou entièrement négligé. Quand elle devient opiniâtre, il y a toujours lieu d’en craindre des suites fâcheuses, parce qu’elle annonce la foiblesse des poumons, & qu’elle est souvent l’avant-coureur de la pulmonie.

Symptômes de la toux de poitrine.

La toux de poitrine, pour peu qu’elle soit forte, ne va guère sans fièvre, qui, quelquefois, dure plusieurs jours. Cette toux est d’abord sèche ; & tandis qu’elle est dans cet état, l’animal est souvent oppressé : mais peu-à-peu il vient un écoulement glaireux, plus ou moins cuit, qui diminue la toux & l’oppression ; c’est alors que l’on dit que la coction du rhume commence à se faire.

Mais cet écoulement n’est point ici aussi sensible que dans l’homme, attendu qu’il se manifeste en lui par des crachats copieux, fréquens, & moins que dans l’animal l’humeur expectorée, c’est-à-dire, vraiment expulsée hors de la poitrine, ne flue par les naseaux, ou ne sorte étant mêlée avec la salive en bave par la bouche, comme il arrive quelquefois ; car le plus communément la toux, dans le cheval ou dans le bœuf, n’est pas suivie d’une expectoration appercevable ; & en ce cas, on doit croire que la matière qui a été chassée & entraînée par l’air, est conduite de l’arrière-bouche ou de la bouche, où elle étoit parvenue, dans l’estomac par la voie des organes de la déglutition. On a remarqué très-souvent que cette hu-