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maximes sont si vraies, les médecins du corps humain les ont de tout temps tellement connues, que si quelqu’un d’eux s’est conduit différemment, aucun n’a osé le publier comme principe ; la seule difficulté a roulé sur la fixation des jours où s’opéroit la coction ; les uns ont cru la voir commencer au quatrième, & ont interdit les saignées après le troisième ; les autres ont été plus loin, mais aucun n’a passé le dixième ou le douzième. Il est mal-aisé de fixer un terme précis dans des maladies qui sont de nature si différente, dont les symptômes & les circonstances sont si variées, qui suivent leur cours dans un temps plus ou moins long ; on sent aisément que plus la maladie est aiguë, plus le temps de l’irritation est court, plus on doit se hâter de faire les saignées nécessaires, plutôt on doit s’arrêter ; c’est au médecin vétérinaire à prévoir sa durée. Nous pouvons ajouter que ce temps expire communément, dans les fièvres proprement dites & les inflammations, au cinquième jour ; mais nous répéterons sans cesse que le temps qui précède la coction ou l’état de la maladie, est celui auquel on doit borner la saignée.

Les paroxysmes ou les accès sont comme des branches de la maladie, qui, semblables au tronc, ont comme lui un cours régulier, un accroissement ; un état & un déclin ; ce que nous avons dit de l’un doit s’étendre aux autres ; c’est après le frisson, lorsque la fièvre est dans son plus grand-feu, qu’on doit saigner.

L’interdiction de la saignée dans le frisson, nous conduit à remarquer qu’on tomberoit précisément dans la même faute, si on saignoit dans le principe de la maladie, des inflammations, avant que la nature soit soulevée & ses premiers efforts développés.


Section V.

Du choix du Vaisseau.

Appliquons à l’usage de la saignée les maximes que nous avons établies en parlant de ses effets. La pléthore est générale ou particulière ; générale, elle suppose une égalité dans le cours de la circulation, & un équilibre entre les vaisseaux & le sang, qui sera détruit si on ouvre une veine pendant tout le temps que le sang coulera, mais qui se rétablira bientôt lorsque le vaisseau sera fermé ; il est donc égal, dans ce cas, d’ouvrir la veine des ars, ou la saphène, ou la jugulaire, avec ou sans ligature : il n’est qu’une règle à observer, c’est d’ouvrir la veine la plus grosse, parce qu’en fournissant dans un même espace de temps une plus grande quantité de sang, elle produira, avec une moindre perte, l’effet souvent désiré, de causer une légère défaillance.

Mais lorsque la pléthore est particulière, il faut connoître ou se rappeler qu’il peut se former dans les veines d’une partie, ou dans les artérioles, des obstacles au cours de la circulation, qui seront l’effet d’une contraction spasmodique de ces vaisseaux ou des parties voisines, d’une compression extérieure ou interne, d’un épaississement inflammatoire particulier du sang, ou des autres humeurs ; d’un séjour trop long du sang accumulé dans une partie relâchée, dans une suite de petits sacs variqueux, qui circulant plus lentement, s’épaissira, se collera contre les parois des vaisseaux, ce qui forme une pléthore particulière dont l’existence est dé-