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me servir de l’expression vulgaire, entre deux nuages ; mais il faut observer que ce phénomène singulier n’a lieu que lorsque la terre est sèche, & ne peut par conséquent fournir à la plante une humidité capable de résister à la force du coup de soleil. Il doit en être à-peu-près ainsi, quoique par une circonstance différente, lorsque les gelées du printemps détruisent en quelques heures les feuilles & les bourgeons encore tendres, les dessèchent & les réduisent en poussière, ces gelées ne produiroient aucun effet funeste, si Le soleil ne paroissoit pas avant la fonte de la glace & la disparation du froid.

Quoique la transpiration générale s’exécute par le même mécanisme & suive la même loi, cependant les racines, le tronc, les branches, les feuilles, les fleurs & les fruits, ont des modes particuliers de transpiration, & qui leur sont propres. En effet, ces odeurs si douces, si suaves des fleurs, qui flattent si agréablement nos sens, sont dues à la transpiration ; mais cette sécrétion, par exemple, de la fleur de l’orange, n’offre pas la même odeur dans celle de sa feuille ou de son fruit ; combien de plantes, dont le parfum de la fleur enchante, tandis que la transpiration de la racine donne une odeur cadavéreuse. L’arbuste de la cassie, si recherché dans nos provinces du midi, prouve ce que j’avance ; il seroit facile de multiplier de semblables exemples. Toutes les plantes dormeuses pendant le jour, (la belle-de-nuit, les jalaps, &c.) transpirent peu pendant le jour, tandis que la forte transpiration des autres s’exécute pendant le jour. L’époque de la plus grande sécrétion des fleurs est, en général, au lever & au coucher du soleil.

Chaque genre de végétal a, comme chacune de ses parties, sa loi particulière ce sécrétion ; elle est très-abondante dans celui dont l’accroissement est prompt & rapide ; dans celui qui est chargé d’un très-grand nombre de feuilles, ou dont leur volume supplée à la multiplicité ; les plantes & arbustes toujours verts, transpirent infiniment moins que les autres. Toutes plantes mises dans la serre ont peu de sécrétions ; les sécrétions sont diminuées ou suspendues par les grandes pluies, par les matinées fraîches, & même pendant quelques jours, s’il est tombé de la grêle dans le voisinage. L’œil attentif du cultivateur distingue sans peine par l’inspection des feuilles, si la marche de la nature est simplement suspendue ou dérangée.

On peut donc avancer avec certitude que la transpiration est pour les végétaux d’une bien plus grande importance que pour les animaux, puisqu’ils n’ont que cette seule & unique voie pour chasser au dehors le superflu de tous les matériaux d’une sève crue ou indigeste.


TRANSVASER ou Soutirer. (Voyez l’article Vin.)


TRAQUENARD. Instrument en fer & à ressort, que l’on tend pour prendre les loups & les renards. Dans ces articles sont indiqués les appâts & la manière de préparer le traquenard. Il suffit ici de représenter cet instrument. La fig. 7, planche XVII, en offre le modèle lorsqu’il est tendu, A est l’appât attaché à une corde fixée au cliquet B, qui fait partir la dé-