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humain. De tous ces principes, il n’y a que l’union de la terre & de l’huile, qui formant différentes couches, se déposent sur les parois du noyau qui sert de base à la formation du calcul.

L’urine, par un trop long séjour dans la vessie, soumise à l’action de la chaleur, tend à s’alkaliser ; alors elle acquiert un certain degré d’âcreté qui peut déterminer le spasme, ou l’inflammation de la vessie, des ardeurs & des difficultés d’uriner, & quelquefois la paralysie de ce viscère, en lui faisant perdre les ressorts de ces fibres.

L’urine varie par sa quantité dans les différentes saisons de l’année. Dans l’hiver, on transpire moins, aussi est-elle plus abondante, parce que la partie aqueuse qui se seroit échappée par les pores de la peau, se porte vers les couloirs des reins, & de-là dans la vessie. Par la raison contraire, en été, on urine beaucoup moins. En hiver, lorsque l’atmosphère est chargée de brouillards, on rend infiniment plus d’urine, parce que la peau s’imbibe de ces humidités qui prennent la route des reins & de la vessie.

On a vu des hydropisies ascites être guéries par des chûtes qui ont forcé les eaux épanchées dans le bas ventre, à passer dans la vessie ; le célèbre Morreau, qui a assuré ce fait, explique ce phénomène, en disant que les mailles de l’ouraque se sont ouvertes, & que l’eau s’est rendue par ce conduit dans la vessie. Cela paroît d’autant plus vraisemblable, qu’on a vu des gens rendre l’urine par l’ombilic.

Quoi qu’il soit très-vrai de dire qu’il n’est pas possible de connoître toutes les maladies par l’inspection de l’urine, il est néanmoins très-certain qu’un médecin sage & éclairé pourra en tirer des indices sur l’état du sang ; c’est pourquoi l’on fera très-bien de l’examiner avec attention.

La matière des excrétions, telles que l’urine, les gros excrémens, la salive, font juger de l’état des fonctions naturelles ; mais l’urine en particulier fournit des indices de la digestion de l’estomac, de la disposition de la lymphe, de son abondance ou de son défaut, de son épaisseur ou de sa ténuité.

Il y a des charlatans qui disent connoître les maladies par la seule inspection de l’urine : mais Heister regarde cela comme impossible.

1°. Il faudroit que chaque maladie, selon la partie qu’elle affecte, imprimât un caractère particulier à l’urine ; cela ne peut pas être. 2°. Il faudroit qu’on connût exactement l’état naturel de l’urine de chaque sujet ; car il y a des personnes dont l’urine est semblable à celle des malades, dans le temps même qu’elles jouissent d’une parfaite santé. 3°. Peu de temps après que l’urine est sortie de la vessie, l’air l’altère. 4°. Les tuyaux des reins sont quelquefois dilatés, cette dilatation apporte à l’urine de grands changemens, quoique les sujets se portent fort bien. 5°. On ne peut pas connoître l’état du sang par les urines, puisque la chaleur, l’âge, les alimens, les passions les changent à chaque instant, à plus forte raison n’y trouvera-t-on pas les signes des maladies qui attaquent les parties solides. Il en est des urines comme du poulx, qui dans les fièvres malignes, est sem-