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Art. III.

Du Pansement de la main.

C’est une erreur de croire que le pansement de la main soit moins nécessaire aux vaches qu’aux chevaux, & la négligence dans laquelle cette opinion fait trop souvent tomber, est la source d’une infinité de maux. Les vaches ne sont bien portantes que lorsqu’elles transpirent bien, ce qui ne peut pas être, lorsqu’on les laissé séjourner dans la fange, & qu’on n’a pas soin d’enlever la crasse qui bouche les pores de la peau. Dans les pays où l’usage salutaire d’étriller & de bouchonner les vaches, est établi, on remarque qu’elles sont moins sujettes aux maladies, qu’elles ont plus d’embonpoint & de vigueur, qu’elles donnent un lait plus abondant & sur-tout de meilleure qualité. On étrillera donc les vaches une fois par jour, & on ne laissera point leur fiente s’attacher à leurs poils, comme cela se pratique trop souvent : cette opération sera très-prompte & très-facile, si l’on a le soin de donner tous les jours aux vaches, une litière fraîche & abondante : elles s’en porteroient infiniment mieux, & le bénéfice sera bien plus considérable. On croit assez ordinairement que, pourvu que les vaches ayent une nourriture abondante, il ne leur faut rien de plus : mais nous ne craignons pas d’assurer, que des vaches, quelque bien nourries qu’elles soient, ne réussiront jamais bien, si on leur refuse les soins qui viennent d’être indiqués, tandis que celles à qui on les donnera, prospéreront quoique beaucoup moins bien nourries. On doit aussi avoir l’attention de laver le pis de temps en temps, on prévient par-là les engorgemens durs & indolents auxquels il est très-sujet, les porreaux, les fongus, les excroissances de différentes sortes dont il est très-souvent couvert ; il n’est pas même très-rare que les trayons soient rouges & entièrement consumés par des ulcères qui ne sont dûs qu’aux ordures qui s’y attachent, & qui acquièrent par leur séjour un caractère âcre, caustique & destructeur.

Art. IV.

Des Étables.

Les étables les plus saines sont celles qui sont exposées au levant & placées sur un sol sec & élevé ; leur défaut le plus général est d’être beaucoup trop fermées ; le préjugé où l’on est que le froid nuit aux vaches, & qu’on ne sauroit trop les en garantir, est la cause la plus commune des accidens de tout genre, auxquelles elles sont si sujettes. Non seulement la plupart des étables n’ont que des ouvertures très-étroites, mais on s’attache encore à les boucher exactement, pour peu que l’air soit froid : il n’est peut-être pas une pratique aussi funeste, aussi meurtrière, & contre laquelle il soit plus important d’être en garde. L’expérience a démontré que les vaches pouvoient rester sans abri, sans qu’il en résultât aucun inconvénient, dans les saisons même les plus rigoureuses ; il est mieux sans doute de les tenir dans des étables ; mais elles ne sauroient être trop ouvertes ; quelque froid que soit l’air, il fera certainement moins de mal que celui qu’on y laisse cor-