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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/634

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exposés que les chiens tenus & soignes ; il en est de même à l’égard des autres animaux carnassiers, tels que le rat, le loup, la loutre, le renard, la belette, la fouine, le putois, le furet, &c. Ces êtres voraces, dont la plupart habitent sous terre, entassent fréquemment indigestion sur indigestion, d’alimens le plus souvent corrompus & chargés de vers, ce qui fournit à leur sang un chyle glaireux & très-laborieux pour les secondes voies : même chose arrive à l’égard des jeunes chiens élevés dans les chenils avec de la soupe ; cette soupe est souvent cuite de la veille ; jusqu’à ce qu’on la leur donne, les mouches peuvent y déposer & y déposent sans doute leur semence ; cette nourriture peu mâchée par l’animal qui s’en nourrit & l’avale avidement, peu broyée, peu pénétrée de la salive, fournit un chyle semblable au précédent, & facilite le développement des œufs. Telle est la source des ascarides qui enlèvent une quantité prodigieuse de ces animaux dans un âge encore tendre.

On pourroit penser que le ténia, dont les jeunes chiens de chasse sont fréquemment attaqués, leurs provient des laperaux qu’ils dévorent, ces animaux étant toujours plus ou moins farcis de ces vers. Linnæus a vu des vers plats dans les eaux bourbeuses ; ne pourroit-on pas croire que ces eaux, dont les animaux s’abreuvent le plus souvent, sont la source des ténia auxquels ils sont beaucoup plus sujets que l’homme ? Les crinons ne sont jamais plus multipliés dans les bêtes à cornes, dans les chevaux, ânes & mulets, que lorsque ces animaux sont nourris avec des substances capables de donner de la viscosité aux humeurs & d’en occasionner l’immuabilité, tel que le son, celui des amidonniers, le marc de bierre, les carottes & les navets cuits, la paille nouvelle, le foin qui n’a pas sué dans le grenier, celui qui est poudreux, moisi, qui a été mal récolté, chargé d’insectes, &c. Et nous voyons encore que tous les alimens qui exigent peu de mastication pour la déglutition, sont dans le cas de fournir beaucoup de vers, & que plus l’animal est vorace & goulu, plus il y est exposé, les indigestions en lui étant très-fréquentes. De plus les animaux qui pâturent sont plus sujets aux vers que ceux qui sont nourris au sec ; ceux qui sont mis au vert après avoir été mis au sec, y sont encore plus exposés que ceux qui sont à cette nourriture toute l’année. Plus l’herbe est aqueuse & chargée d’humidité, plus elle facilite l’évolution des vers ; les pâturages aquatiques en fournissent plus que les autres ; tous les végétaux verts ne sont néanmoins pas dans ce cas, il en est qui les expulsent au contraire, tels que les pampres ou feuilles de vigne. Les moutons que l’on sale y sont moins exposés que ceux auxquels on ne donne point de sel ; ceux qui pâturent sur les bords de la mer sont rarement affectés de douves. Les cochons que l’on élève dans les bois y sont plus sujets que ceux qu’on nourrit & engraisse dans les maisons ; sur-tout si on les tient proprement. Quelques poulains de lait ont péri par les vers dans le haras de Pompadour, &. des poulains de deux ou trois mois, sacrifiés aux travaux anatomiques, ont fait voir dans leurs entrailles une quantité assez considérable de vers de toute espèce ; ces animaux étoient tombés dans une espèce de consomp-