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ses crochets ou ses pattes écailleuses sont dégagées ».

« Lorsque l’écaille est entièrement séparée, l’ouvrage est bien avancé ; elle laisse une ouverture fort étroite, n’ayant à la vérité que le calibre du premier anneau, qui ne se fend pas, & ne se crevasse pas, comme on l’a cru ; mais elle est suffisante pour laisser passer le corps de l’insecte qui, en s’allongeant & se rétrécissant par de petits efforts multipliés, se débarrasse par-là d’un fourreau qui n’est plus de mesure ».

« Nous avons dit que le ver à soie qui se dispose à la mue, avoit eu soin de bonne heure, d’amarrer ce fourreau d’une façon solide. Une liqueur qui transpire de son corps, & dont il paroît tout mouillé au sortir de la mue, se répandant entre la nouvelle & la vieille peau, en facilite la séparation, & prévient les frottemens douloureux. C’est alors que l’insecte industrieux, s’aidant du mouvement vermiculaire qu’il donne à son corps de bas en haut, en fait avancer le premier anneau en dehors… Dès que ses pattes du devant sont libres, il les accroche à quelque point, & il achève de se dégager en tirant en avant. La vieille peau fixée par les cordons de soie, & par les crochets des deux appendices de l’anus, reste derrière le ver, aplatie, & à la place où il s’étoit d’abord établi… Quand la mue est faite à propos, & sans être pressée par la chaleur, le dépouillement est si parfait, que l’intérieur de ses trachées ou stigmates, par où respire l’animal, se renouvelle, & il en sort de longs filets qui en tapissoient le dedans ».

« Ce qui aide encore à cette séparation, c’est que le ver ayant donné à sa vieille peau, toute l’extension dont elle étoit susceptible, en se gorgeant de nourriture pendant la frèze, elle doit devenir un peu lâche dès que l’animal diminue de grosseur en se vidant de ses excrémens. Si la partie du corps comprise sous les anneaux restoit aussi enflée que la tête, ou bien si la peau ne perdoit pas de son ressort par la longue tension, il seroit probablement impossible au ver de se dépouiller ».

« Ce détail, où tout n’est pas de simple curiosité, fera mieux sentir les raisons des pratiques qu’on met en œuvre, avant, pendant, & après la mue ».

Section III.

Du cocon & de la chrysalide.

Lorsque le ver à soie a choisi la place qui lui convient pour établir son cocon, il emploie le premier jour à fixer les points d’appui, où il attache la soie qu’il tire de l’intérieur de son corps, par l’ouverture désignée sous le nom de filière. Le second, il forme le commencement de sa coque, & en multipliant les fils, il s’y enferme. Le troisième, il y est entièrement caché ; enfin les jours suivans se servant toujours du même brin, sans le casser, il s’y ensevelit complettement, & son tombeau est à son point de perfection : alors il se change en chrysalide. (Voyez ce mot). On estime que le seul brin de soie qui a formé un cocon ordinaire,