Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/684

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de ces éducations-ci, fut à-peu-près égale à celle de la précédente, dont les vers avoient eu plus de chaleur ; parce qu’il y a peut être un terme au-delà duquel on n’abrège plus la vie des insectes, quelque chaleur qu’ils éprouvent. Il est vrai que mes vers avoient eu dans cette éducation & dans l’éducation ordinaire, un pareil nombre de repas ; mais ce qu’il y a de plus singulier encore, c’est que les vers ainsi hâtés dans les deux premiers âges, n’employoient que cinq jours d’une mue à l’autre dans les deux âges suivans, quoiqu’ils ne fussent qu’à une chaleur de vingt-deux degrés ; tandis que les vers qui, dès le commencement, n’ont point été poussés de même, mettent, à une chaleur toute pareille, sept à huit jours à chacun de ces mêmes âges ; c’est-à-dire, au troisième & au quatrième. Il semble qu’il suffit d’avoir mis ces petits animaux en train d’aller, pour qu’ils suivent d’eux-mêmes la première impulsion ou le premier pli qu’on leur a fait prendre ».

» Celui dont nous venons de parler, qui opère une croissane rapide, donne en même-temps à mes insectes une vigueur & une activité qu’ils portent dans les âges suivans ; ce qui est un avantage dans l’éducation hâtée, c’est-à-dire, poussée par la chaleur, & qui, outre cela, prévient beaucoup de maladies. Cette éducation hâtée, abrège la peine & le travail, & délivre plutôt l’éducateur des inquiétudes qui, pour peu qu’il ait de sentiment, ne le quittent guere jusqu’à ce qu’il ait déramé ».

» Pour suivre cette méthode, il convient de faire beaucoup d’attention à la saison plus ou moins avancée, à la poussée plus ou moins rapide de la feuille, & si elle n’est pas ensuite arrêtée par les froids… D’un autre côté, si la poussée de la feuille est tardive, & qu’elle soit suivie de chaleurs qui durent long-temps, & comme on doit ordinairement s’y attendre, & que cependant on ne fasse que peu de feu aux vers à soie, ils n’avancent gueres, on prolonge leur jeunesse ; cependant la feuille croît & durcit ; elle a pour eux trop de consistance ; c’est le cas de les hâter par une éducation prompte & chaude, afin que leurs progrès suivent ceux de la feuille, ce qui est un point essentiel ».

» Si les éducateurs se décident de bonne heure pour cette méthode, ils mettront couver, s’ils sont sages, au moins huit jours plus tard que leurs voisins qui suivent la méthode ordinaire, & ils calculeront la durée des âges ; ou bien ils s’arrangeront de façon que la fin de l’éducation tombe au temps où la feuille a pris toute sa croissance ».

Avant de terminer cet article, il reste encore des observations à faire. 1o. Si dans l’atelier, il règne un grand courant d’air, soit par l’attraction qui a lieu de celui d’une porte par le feu d’une cheminée, ce courant d’air excite une sensation froide sur le ver, par l’évaporation de sa chaleur ; alors les vers, pour se soustraire à la fraîcheur, se rejoignent les uns contre les autres, afin de se servir mutuellement d’abris, ou bien, ils se portent tous vers le côté de la tablette le moins exposé à ce courant d’air, ou enfin, ils se cachent autant qu’ils peuvent dessous ou derrière les feuilles qui deviennent pour eux une espèce de paravent. D’après