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gnez scrupuleusement de l’atelier toute espèce de fleurs, & surtout toute espèce de fruits, même les mûres, parce que de tous les fruits cette espèce est une de celles qui donnent plus d’air fixe. En général, les fleurs en produisent moins que les fruits.

Les habitans de la campagne s’imaginent faussement que brûler des parfums, des herbes odoriférantes, du lard, du vieux cuir, &c. est un excellent remède, & une pratique salutaire dans l’éducation des vers à soie. Bannissez-les absolument, même celle du vin bouillant, dans lequel on a mis de la muscade & du girofle, & qui est en grande recommandation dans certains cantons. La plupart de ces fumigations semblent détruire pour un moment les miasmes de l’air fixe ; mais dans le fait elles servent seulement à les masquer, à les envelopper pour un temps ; & comme elles n’ont aucune propriété pour les neutraliser, elles sont donc complettement inutiles. Les vers, pendant ces fumigations, & les exhalaisons de ces prétendus parfums, paroissent un peu plus gaillards & dispos ; mais leur mal-aise recommence bientôt après. Cependant je ne nie pas que l’ustion du vieux cuir, qui produit une émanation ou volatilisation d’alcalis, ne concoure un peu à neutraliser l’acide de l’air fixe. Malgré cela, je persiste & persisterai toujours à dire qu’il vaut mieux démiphitiser l’air atmosphérique de l’atelier, en établissant à propos & autant de fois que le besoin l’exigera, un nouveau courant d’air pur ; ce qui s’exécutera sans peine par les ventouses ou petites ouvertures pratiquées sous le toit du plancher supérieur, & au niveau du carrelage de l’atelier, ainsi qu’il a été dit en décrivant l’escalier… La propreté ; et quoi encore ? la propreté : renouvelez l’air à mesure qu’il se méphitise ; alors vous bannirez les maladies si fréquentes, & souvent si subites & si dangereuses dans les éducations.

CHAPITRE VII.

Maladies des vers.

Section Première.

De la rouge.

Cette maladie est ainsi dénommée de la couleur rouge, plus ou moins foncée, qu’offre à l’œil la peau du ver, au moment, ou peu de temps après qu’il est sorti de sa coque. Les vers attaqués de cette maladie paroissent engourdis & comme asphyxiés. Leurs anneaux se dessèchent eu à peu, & ils ressemblent alors de véritables momies. Leur couleur rouge devient blanche.

Cette maladie ne fait pas toujours mourir les vers qui en sont attaqués à la première mue, ni même aux suivantes. Quelquefois ils ne meurent qu’après la quatrième mue, lorsqu’ils ont consommé la feuille inutilement. Si leur existence se prolonge jusqu’à cette époque, ils ne conservent pas leur couleur rouge ; il seroit facile de les reconnoître & de les séparer des autres. Ils prennent une teinte beaucoup plus claire, qui les rend méconnoissables à l’œil le plus habitué à observer. Quelquefois ils vont jusqu’à la montée, & ils font des cocons de nulle valeur, qu’on nomme