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les parties de la fleur reposent dans le calice D ; c’est un tube presqu’égal dans sa longueur, divisé à son extrémité en huit à douze dents inégales & terminées en pointe.

Fruit ; le pistil se convertit dans sa maturité en une double capsule ovoïde E, qui se sépare par le sommet ; comme on le voit en F. La seconde capsule G est renfermée dans celle-ci, elle est partagée en deux loges, ainsi qu’on le voit en H, où elle est coupée transversalement, & renferme de nombreuses semences I.

Feuilles ; sans pétioles, très-entières, oblongues, en forme de cœur alongé.

Racine A ; de la grosseur du doigt, ligneuse, blanche.

Lieu ; les saussaies, les fossés. La plante est vivace, & fleurit en juillet, en août &c septembre, suivant les climats.

Port. Les tiges, quelquefois de la hauteur d’un homme, roides, anguleuses, rameuses, rougeâtres, noueuses. Les fleurs naissent en épis colorés en lilas. Les feuilles sont opposées.

Propriétés. Les feuilles & la tige ont une saveur médiocrement amère, & une saveur austère. Les fleurs sont sans odeur. Je réponds, d’après ma propre expérience, de ses bons effets dans les dyssenteries séreuses & épidémiques, & je m’en suis servi avec le plus grand succès dans cette cruelle dyssenterie qui causa tant de ravages en 1779 dans la partie occidentale du royaume. Il est reçu en médecine que le traitement dans ces maladies doit commencer par l’administration de l’ipécacuanha, & même donner cet émétique plusieurs reprises, & faire prendre les remèdes généraux avant de passer aux astringens. Ils furent largement administrés pendant cette épidémie, à laquelle succomba un très-grand nombre d’individus : j’ose assurer que je guéris complètement tous ceux qui se contentèrent de boire la décoction de la salicaire. On fait bouillir une poignée des sommités fleuries & des tiges feuillées dans une pinte d’eau. J’avois éprouvé le même succès 15 ans auparavant dans deux épidémies semblables, qui se firent sentir dans le Lyonnois & dans le bas-Dauphiné.. L’eau distillée de cette plante est estimée contre l’inflammation des yeux. L’eau du Rhône a autant d’efficacité, & produit tout autant d’effet qu’elle.


SALIVATION. Médecine Rurale. Abondante excrétion de salive. Cette évacuation est souvent spontanée, mais, pour l’ordinaire, elle est excitée par des remèdes qui agissent immédiatement sur les différentes parties de la bouche.

La salivation paroît presque toujours dans les maladies inflammatoires qui affectent les organes de la déglutition, sur-tout dans l’esquinancie. On l’observe encore très-souvent dans la petite vérole confluente, de mauvais caractère ; dans la mélancolie, dans les luxations de la mâchoire, & notamment dans les maladies vénériennes, lorsqu’on a administré aux malades une trop grande dose de mercure.

Plusieurs causes peuvent déterminer la salivation ; de ce nombre sont les alimens âcres & échauffans, l’usage abusif des liqueurs spiritueuses : elle dépend très-souvent des vives passions de l’ame. Le mercure pris intérieurement, les veilles immodé-