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cinq, de huit, douze, quinze et vingt arpens. Telles sont, en général, celles des ci-devant Franche-Comté, Dauphiné, Lyonnois, Bourgogne, Beaujolois, Champagne, Orléanois, Berri, Touraine, Nivernois, partie de l’Anjou et du Poitou.

La petite culture n’embrasse pas, comme les deux autres, des départemens entiers ou presque entiers. Elle est répandue çà et là : elle est en usage dans certains cantons seulement. La rencontre d’un site et d’un genre de terres favorables, ou seulement présumés tels, a quelquefois décidé des cultivateurs intelligens à planter un ou deux arpens en vignes, dans l’espérance de trouver dans leur propre domaine la consommation en vin de leur maison ; mais le plus souvent ce projet a été mis à exécution par des spéculateurs qui, sans consulter ni l’exposition, ni la qualité du sol, ont apperçu autour d’eux des débouchés certains pour l’écoulement de la récolte, tels que le voisinage des villes, ou seulement celui de quelques grands ateliers. Il résulte du but que ces divers planteurs se proposent, une très grande différence dans la manière de cultiver et dans le mérite de leurs récoltes. Les premiers ne négligent rien pour obtenir un vin de bonne qualité, parce qu’ils le destinent à leur propre consommation. Les autres ne travaillent, au contraire, que pour obtenir des produits abondans, parce que la classe des acheteurs, sur lesquels ils fondent leur spéculation, est toujours assez nombreuse et assez peu gourmette, pour rendre certaine la vente des récoltes les plus abondantes. On l’a déjà dit, et l’expérience le prouve sans cesse. Plus les vins ont de qualités, moins on en recueille ; la qualité est presque toujours en raison inverse de la quantité.

Ces divers genres de culture ne présentent pas par-tout une culture riche ou même aisée. On voit dans plusieurs cantons de la plupart de nos départemens, des vignes si mal entretenues, si misérablement travaillées, que l’habitude seule peut faire supporter l’aspect de leur dégradation.

Ici, c’est le salaire qui manque à l’emploi du nombre des bras nécessaires pour opérer une bonne exploitation, pour que les labours soient donnés au tems et saison convenables, et pour que rien ne manque aux accessoires des bonnes façons. Souvent on charge un seul ouvrier du travail d’un homme et demi ; c’est-à-dire de façonner cinq ou six arpens, tandis que, dans une terre commune propre à la vigne, quatre arpens suffisent à l’assiduité et aux efforts du vigneron le plus laborieux.

Là, ce sont des cépages si mal appropriés au sol, au climat, au local, qu’ils produisent, avec une abondance vraiment désastreuse, des raisins de si mauvaise qualité, qu’on ne peut se débarrasser qu’au plus vil prix du vin qu’on en obtient.

Ailleurs, on ne voit que des plants surannés ; la plupart ont peut-être vieilli cinquante ans de trop ; aussi, il s’en faut souvent d’un tiers que la valeur de leur