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barrique représentant la valeur de quarante-cinq francs vingt-cinq centimes, porteroit cette seule branche de revenu annuel à la somme de sept cent soixante et un millions deux cent soixante-dix mille francs.

Le Gouvernement français doit donc les plus grands encouragemens à la culture des vignes, soit qu’il considère ses produits, relativement à la consommation intérieure, soit qu’il les envisage sous le rapport de notre commerce avec l’étranger, dont il est en effet la base essentielle. Nous lui devons d’avoir déterminé en notre faveur la balance du commerce de l’Europe. En 1790, on exporta du seul port de Bordeaux, plus de trois cent mille pièces de vin de deux cent pintes chacune. On voit, par les registres de la fiscalité, que les droits perçus en France, avant la révolution, sur les vins, eaux-de-vie et liqueurs transportés à l’étranger, par les cinq grosses fermes seulement, se montoient à cinq cent mille francs. Ces mêmes droits s’élevoient, dans les autres provinces, à près de deux millions. Ainsi on peut croire qu’ils entroient pour soixante millions au moins, dans la balance générale du commerce de France.

Les tableaux ci-dessous mettront le lecteur à portée de vérifier ces divers calculs. Le premier offre les détails de l’exportation des vins, eaux-de-vie, liqueurs et vinaigres, en 1778. Les registres de la Douane n’étoient pas tenus partout, il est vrai, avec la même exactitude ; mais l’extrait suivant est sorti des cartons du célèbre Turgot ; et cette circonstance peut lui mériter un degré particulier de confiance.

Le second tableau fait connoître les progrès du commerce français d’exportation, depuis les premières années (1720) jusque vers la fin de ce dix-huitième siècle (1790). On verra qu’il a presque doublé dans un espace de soixante ans ; et en comparant les derniers résultats (ceux de 1790) avec les totaux de 1778, consignés à la fin du premier tableau, on s’assure que notre commerce d’exportation en vins, eaux-de-vie, liqueurs, et vinaigres, s’est accru, en douze ans seulement, de dix-huit millions neuf cent quarante-quatre mille deux cent vingt-trois livres.

Nous avons cru qu’il pourroit être agréable ou utile à une certaine classe de lecteurs, de trouver ici les moyens de faire ces rapprochemens : c’est ce qui nous a décidé à publier le tableau par lequel ce chapitre est terminé. Nous en sommes redevables aux profondes recherches et au savoir communicatif du citoyen Arnoult.