Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/200

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brumaire, époque ordinaire des vendanges dans ce pays, ils borneroient là leur course, pour la reprendre l’année suivante, vers le milieu de thermidor.

Leur marche nouvelle seroit désormais tracée par les nombreux vignobles qui s’étendent depuis le département du Gard jusqu’à celui des Basses-Pyrénées ; et prenant alors la direction du sud au nord, ils reviendroient par les départemens de la Gironde, de la Dordogne, de la Haute Charente, de la Vienne ; et de ceux du centre à celui qui doit être le but de leur voyage. Ce dernier travail se faisant sur des lignes parallèles à celui de l’année précédente, ils se serviroient, pour ainsi dire, de contrôle l’un à l’autre.

Ici le voyage est terminé ; mais l’ouvrage ne l’est pas. Il reste au cultivateur à mettre le plus grand ordre, la plus grande clarté possibles dans la rédaction des nombreuses et intéressantes remarques qu’il a été à portée de faire ; et au dessinateur, à surveiller avec la plus scrupuleuse exactitude la confection des planches dont il a exécuté les dessins. L’une des deux parties négligée, soit le texte, soit la gravure, jetteroit une entière défaveur sur tout l’ouvrage ; car son mérite dépend de l’harmonie qui doit régner entre elles. Mais, cet accord supposé, les résultats d’un tel voyage, tout-à-la-fois botanique et vignicole, formeroient, je crois, un des plus beaux présens que des français puissent offrir à leur patrie.

Cependant il n’est point encore exécuté ; et les établissemens dont Rozier, Dupré de St.-Maur, et la société d’histoire naturelle de Bordeaux se sont occupés, ne sont encore que des projets. Nous sommes donc bien loin de présenter la liste suivante des divers cépages cultivés en France, comme un ouvrage qui ne laisse pas beaucoup à désirer : il est très défectueux. Aussi toutes nos prétentions, à cet égard, se bornent-elles à ce qu’il soit jugé moins incomplet que ceux du même genre qui ont été publiés avant lui.

Il est précédé d’un tableau dans lequel nous indiquons les signes les plus apparens par lesquels on peut parvenir à distinguer et même à classer le plus grand nombre de nos cépages. Ces signes sont tirés des feuilles[1] et des raisins, comme nous ayant paru plus constans que tous ceux offerts par les autres parties de la plante. La couleur de l’écorce, par exemple, et la distance des nœuds sont tellement variables dans les individus de la même essence, d’un lieu à l’autre, que nous n’avons pas hésité à n’en faire aucun usage.

  1. Nous n’entendons pas parler de ces feuilles avortons qui naissent des drageons, des brindilles et de l’extrémité des rameaux au moment où la sève est sur le point de s’arrêter ; nous parlerons des feuilles parfaites, de celles qui se développent des premières sur les sarmens les plus vigoureux et les mieux nourris. Celles-ci sont les seules dont le dessin soit constant et invariable dans chaque race ou variété.