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La feuille est placée alternativement le long du sarment, et de manière que l’une est opposée à l’autre. On pourroit dire que la feuille est une tige applatie.

Les fonctions des feuilles de la vigne sont très-importantes et très-étendues dans son économie végétale. Elles conservent les fleurs avant leur développement, elles croissent avec rapidité et facilitent par cela même la prompte croissance du sarment. Leur partie lisse et polie supérieure garantit l’inférieure, et les vaisseaux absorbans sont destinés à pomper l’humidité de l’air et toutes les substances aériformes qui les entourent. Les feuilles font pendant le jour la fonction d’organes excrétoires en débarrassant le cep par la transpiration, d’un suc inutile ou surabondant. Ces mêmes feuilles sont, pendant la nuit, des racines qui, par les petites bouches de leur surface inférieure, pompent l’air, l’humidité et les gaz répandus dans l’atmosphère. Par ce moyen elles introduisent l’air dans toutes les parties de la plante ; et l’air agit sur la sève à-peu-près comme sur la masse de notre sang quand nous l’avons respiré. Cet air, cette humidité et les sucs superflus dont la vigne ne s’est pas débarrassée par la transpiration pendant le jour, descendent vers les racines pendant la nuit, et sont reportés durant le jour aux sarmens, aux vrilles, aux feuilles, aux fleurs et aux fruits. Les feuilles sont tellement utiles à la nutrition de la plante, elles concourent d’une manière si directe à la maturité du fruit, que si un coup de soleil les dessèche et en dépouille le cep, le raisin se fane ; s’il n’est que verjus à cette époque il restera verjus, et toute la plante languira pendant le reste de l’année, en supposant même qu’elle survive à cet accident. Les feuilles procurent la nourriture à la plante par l’aspiration ; elles transpirent les sucs superflus : elles font partie du laboratoire dans lequel la sève se modifie ; elles conservent le bourgeon pour l’année suivante. Cette dernière assertion est si bien prouvée, que si, dans le printems, on coupe la feuille qui le garantit, et quand elle commence à se développer, ce même bourgeon qu’elle défendoit devient infructueux. Ce n’est pas tout, si on enlève toutes les feuilles d’un sarment avant qu’il ait donné sa fleur, ce sarment ne porte aucun fruit.

Les Vrilles de la vigne forment avec les sarmens des angles droits et sont opposées aux feuilles. Ce sont des productions filamenteuses composées des mêmes vaisseaux que ceux du sarment. Elles ont la faculté particulière de se rouler en spirale et de s’attacher au corps même qu’elles peuvent atteindre.

Le cep pousse promptement des sarmens très-longs, chargés de feuilles et de fruits. Ce bois encore tendre et à peine ligneux succomberait bientôt, soit par son propre poids, soit par la violence des vents, si la nature, toujours attentive à conserver ses productions, n’avoit donné à la vigne ces vrilles ou mains, c’est-à-dire les