Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/327

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toutes les herbes qui consommeroient une partie de la substance nutritive de la vigne, qui attireroient sur elle une humidité surabondante et favoriseroient les gelées d’automne. Celles-ci ne sont pas moins funestes que les printanières. Les gelées du printems détruisent une partie de la récolte ; celles de l’automne la détériorent en entier ; parce qu’elles sont un obstacle à la maturité du fruit. Aussi, indépendamment des labours, Olivier de Serres donne-t-il au cultivateur le conseil de visiter souvent sa vigne « pour prévenir le dommage qu’elle pourroit recevoir des larrons, du bestail, des vents, du traisner des raisins par terre, du croissement des herbes et autres événemens ; la secourant, selon les occurrences, jusqu’à la vendange. »

Les différentes familles des herbes ne croissent pas indistinctement à toutes les températures. Celles qui se plaisent à l’ombre des bois, sur le bord des ruisseaux, dans les prairies, ne sont pas à redouter pour nos vignes ; mais il en est d’autres, et nous en comptons trente espèces au moins qui préfèrent à tout un sol sec, graveleux, un air chaud, en un mot, le genre de terre et la température propres à nos vignes. Toutes sont dangereuses comme parasites, connue attractives de l’humidité et des gelées ; et il en est un certain nombre dont les émanations communiquent au vin un goût déplaisant et que l’art de le fabriquer n’est point encore parvenu à détruire.

Les plantes qui croissent le plus communément dans nos vignobles sont les mercuriales, mercurialis anima, mercurialis perennis ; l’arroche, chenopidum vulvariœ ; les chiendents, triticum repens, panicum dactylon ; l’oreille de souris, myosatis arrensis polygonifolio ; le mouron, anagallis arvensis ; la fumeterre, fumaria officinalis ; la pariétaire, parietaria officinalis ; la crapaudine, sideritis hirsuta ; l’épurge, euphorbia lathyrus ; le laiteron, sonchus oleraceus ; la vermiculaire, sechan acre ; l’orpin ou la joubarbe des vignes, sedum telephimn ; la morgeline, alsine media ; le pourpier-aroche, atriplex patula ; le porreau, allium porrum ; la scabieuse, scabiosa arvensis ; les liserons, convolvuli ; les aristoloches, aristolochia clematitis, aristolochia longa ; la morelle, solanum nigrum ; le pissenlit, leontodon toroacum ; la piloselle, hieracium pilosella ; les soucis, calendulœ ; les chardons, cardui ; la mâche, valeriana locusta ; l’héliotrope, heliotropum europeum ; la roquette, bunias erucago ; la rave, brassica rapa ; la ronce, rubus fructicosus ; le coquelicot, papaver rheas ; la fougère, pteris aquilina ; le pas-d’âne, tussilago farfara. Parmi ces plantes il en est dont les racines traînantes comme les chardons, les liserons, sont tellement vivaces que pour peu qu’il en reste quelque partie adhérente à la terre, tout l’individu se renouvelle en peu de jours. Le cultivateur vigilant ne peut se dispenser de les porter hors de sa vigne à mesure