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mètres en terre, quand la sève commence à se mouvoir, et à le fendre par le milieu dans un espace sans nœuds. Ou insère dans cette fente deux entes taillées en coin par le gros bout et plus épais d’un côté que de l’autre. Le plus épais garni de sa peau extérieure doit s’adapter de façon que son liber coïncide avec celui du sujet. Après avoir lié la greffe avec un osier, on la butte de terre pour la garantir de l’action du soleil. Quand cette opération est bien faite, quand le sujet est bon, il en résulte des pousses vigoureuses et que, dès la seconde année on peut tailler assez long.

On connoit plusieurs autres méthodes de greffer la vigne ; mais elles appartiennent plutôt à l’art du jardinier qu’à celui du vigneron. Au reste, il n’en est point de plus sûre que celle-ci ; encore son succès dépend-t-il et de l’adresse de la personne qui l’exécute et de plusieurs circonstances qu’il ne faut pas ignorer. Le citoyen Beffroy nous a communiqué les détails les plus satisfaisans sur cette opération.

La greffe réussit mal sur la vigne, dans les terreins très-caillouteux et arides ; parce que le soleil la dessèche avant qu’elle soit prise ; par la même raison elle prend très-difficilement dans un sol qui n’a pas de fond. Hors ces deux cas, elle réussit également dans toute sorte de terre, pourvu qu’on la fasse bien, en saison convenable, par un bon tems, sur des sujets vigoureux, avec des greffes soigneusement conservées et qu’on choisisse des espèces analogues.

Pour que la greffe soit bien faite, il faut que le sujet soit sain, qu’il n’y ait pas de nœuds à la place que l’on fend, que la fente soit égale et nette, que la coupe du tronçon soit vaste et que la greffe soit taillée à trois yeux. Le premier œil doit toucher le sujet, le second se trouver à fleur de terre, et le troisième tout-à-fait hors de terre. Il faut encore que la greffe soit taillée en forme de coin, à commencer au-dessous de l’œil le plus bas jusqu’à environ trois ou quatre centimètres en descendant et en diminuant d’épaisseur ; que la peau de la greffe touche celle du sujet sur autant de points qu’il est possible ; et enfin que le tronc soit serré avec un osier mince et souple, pour fixer la greffe.

La saison convenable, pour greffer la vigne, est celle où la chaleur a imprimé le mouvement à la sève, depuis germinal jusqu’en prairial, suivant le climat.

Le tems favorable est celui où le ciel est nébuleux, quand le vent tient du Sud-Est au Sud-Ouest. Si le vent du Nord règne, gardez-vous de greffer ; si le tems est disposé à une grande sécheresse, ne greffez pas non plus : un soleil ardent, un vent froid dessécheroient l’intérieur de l’anastomose ou arrêteroient le cours de la sève ; il n’y a point d’arbres, d’arbustes ou d’arbrisseaux plus sensibles que la vigne, aux variations de l’atmosphère.

Si le tems est décidément pluvieux, il ne faut pas greffer ; l’eau