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Dans le ci-devant Poitou, et plusieurs contrées du midi, on y élève beaucoup de mulets, et très-peu de chevaux. Les jumens poulinières ne sont pas employées au labour ni aux voitures, rarement même on s’en sert pour monter, quand elles sont reconnues bonnes poulinières.

Beaucoup de personnes, peut-être même des agronomes, seront étonnés d’apprendre que, quand nulle part en France, les bêtes à laine couchent dehors toute l’année, il existe des haras sauvages, ou, si l’on veut, agrestes, dans un canton entre la Loire et le Cher, à la hauteur du bec de l’Allier. Là, j’ai vu des troupeaux de jumens poulinières, poulains et pouliches, qui ne sont jamais mis à l’écurie, même pendant l’hiver ; pendant les tems de neige seulement, on leur porte, dans les endroits qu’ils affectionnent le plus, quelques bottes de foin ou de paille. Ils sont inaccessibles aux loups et aux voleurs. Un seul homme ordinairement a leur confiance : et si, par quelques circonstances, il s’éloignoit ; si une trop longue absence le fait méconoître, on a recours à une jument, ou à un cheval hongre qu’on a dressé auparavant à venir à un certain signe, ou en lui montrant de l’avoine, il amène avec lui le reste du troupeau, qui se trouve cerné par différens moyens. Ce mode d’éducation, qui semble exister encore pour avertir tous les éducateurs de chevaux de ne pas assujettir ces animaux à un état de domesticité aussi excessif, a réellement de grands avantages, sous plusieurs rapports, la longévité en est un principal, ce qui est très-essentiel pour un animal dont on retire de si grands services.

Dans les pays de ci-devant provinces du Berry, Nivernois, Orléanois, Sologne, Perche, et partie des ci-devant généralités de Paris, et pays de Bourgogne, il existe d’autres haras champêtres, et dont l’importance est plus grande qu’on ne pense. Comme ils subissent chaque année le régime alternatif de paître et courir dans les champs, et d’être renfermés dans les écuries pendant une partie de l’année, il est utile de les faire connoître plus particulièrement ; leur tenue, bien entendue et perfectionnée, pourroit offrir des résultats plus satisfaisants peut être que ceux des haras actuels. Le verd leur occasionne chaque année beaucoup d’accidens qu’il importe de prévenir : et comme ordinairement les cultivateurs les attribuent à d’autres causes, j’ai cru nécessaire d’entrer dans tous les détails qui sont relatifs à la tenue de ces haras.

les fermes, ou plutôt les métairies, ont ordinairement, selon leur étendue, quatre, cinq à six jeunes poulinières, des poulains et pouliches en proportion ; il y a toujours parmi ces jumens, un cheval entier qui travaille avec elles au labour et aux charrois.

On met ordinairement quatre jumens à une charrue, ou seulement trois avec l’étalon : les cultivateurs qui entendent bien leurs intérêts, ménagent ces attelages ; ils ne les emploient ordinairement qu’aux deuxième et troisième la-