Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/496

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Et afin que cela ne soit toujours à recommencer, il sera bon d’y pouruoir vne seule fois en bordant l’extérieur du fossé d’vne muraille de maçonnerie pour tenir ferme en cet endroit : ou ne voulant tant dépenser, en y plantant des oziers prez l’vn de l’autre, afin qu’entreriez ensemble, ils retiennent la terre de s’auailler ».

» Si le fossé n’est large que de dix ou douze pieds, ce sera en vain qu’on le fera : d’aulant que de cette mesure, les conils la trauerseront aisément en un saut, à toutes les fois qu’ils leur prendra l’enuuie de gaigner les champs : et les poissons ne s’y pourront commodément nourrir, s’il n’y a cinq ou six pieds d’eau. Pour doncques servir à l’vn et l’autre vsage, il faut donner au fossé dix-huict pieds de largeur, et six ou sept de profondeur. À laquelle mesure on ne s’arrestera toutes fois, si on ne craint la dépense de l’ouvrage ou l’employ de la terre, puisque le fossé ne pourroit estre trop grand, ny pour garder les conils, ny pour nourrir le poisson, qui sera d’autant plus abondant et d’autant meilleur, que plus ample sera son réceptacle. L’ordonnance de ce pescher aidera aussi beaucoup à la bonté du poisson, lequel fait en long fossé ceignant la garenne, a quelque correspondance avec la riuière naturelle, où le poisson allant de long en se promenant, enuironne la garenne, et retournant toujours par-là, croit estre en pleine liberté, dont se rend sain et savoureux. »

» La garenne ainsi fermée d’eau ne pouuant estre que platte, ne peut par conséquent entièrement satisfaire au naturel des conils, qui est de monter et descendre, comme à ce, le costeau est le plus propre. Pour cela neantmoins nous laisserons de préférer cette assiette à toute autre, tant pour la fermeté de la cloison, que pour la commodité du poisson. Ioint que le plan de la garenne se peut aucunement corriger à l’vtilité des conils, par la terre sortant des fossez eu les creusant, laquelle portée en plusieurs endroits de la garenne, y fait des monticules, releuez, longs, ronds, quarrez, ou d’autre figure, telle qu’on voudra, ressemblans à des petits costaux sur lesquels les conils se promènent à plaisir, et de même s’y logent, pour la facilité de creuser cette terre de nouueau remuée. D’ailleurs, par le fossez sont épuisées les eaux croupissantes au plan de la garenne, souterraines et autres ; ainsi les conils demeureront sans être importunés d’humidité, comme ils désirent. Et finalement ils sont accommodés d’eau pour boire, l’ayant ainsi proche ; si toutesfois ils veulent boire, car plusieurs doutent, et croyent que ce bétail peut viure par le seul manger sans nullement boire ».

Oui les lapins se passent de boire quand ils se nourrissent de plantes vertes ; mais nous avons la preuve que les lapins domestiques succombent bientôt au régime purement sec. Lorsqu’on est forcé, à ne leur offrir que du foin, de l’avoine ou du son, il faut avoir l’attention de détremper ce der-