Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/498

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vomique avant de la faire crever ; sans cela, la suppuration n’étant point assez abondante, elle dégénéreroit en ulcère, ou en fistule ; 2°. de la faire rompre ; 3°. d’en évacuer la matière.

1°. On fait d’abord recevoir par la bouche, les vapeurs d’une décoction de plantes émollientes pour macérer les parties du kiste ; 2°. on passe peu-à-peu aux vapeurs stimulantes et irritantes pour la faire crever. Enfin ou fait rire, crier, ou tousser le malade ; et si ces moyens ne réussissent point, on donne des émétiques, tels que l’oximel scillitique qui en procure la rupture par l’endroit le plus affaibli auparavant par les fumigations. Hippocrate qui connoissoit cette méthode faisoit prendre un mélange de parlies égales de vin et de petit lait dans lequel il faisoit éteindre des briques rougies au feu. Salius Diversus veut qu’on aide le travail de la nature, en affoiblissant le kiste, lorsque les parois sont trop fortes pour procurer la sortie du pus. Et lorsque ce pus a une acrimonie trop forte, il prescrit des remèdes propres à aider la coction, tels que l’iris, l’arum qui sont des atténuants incisifs.

Si ces secousses ne suffisent pas, il fait user d’alimens salés et âcres, combinés avec le thin, l’origan, et la rhue ; fait appliquer des emplâtres et des onctions avec ces mêmes remèdes. Mais Salius Diversus n’a pas sans doute fait attention à la fièvre et à la dégénération des humeurs, qui les contre-indiquent. On peut voir dans l’Histoire des voyages, la méthode que suivent les Lapons, qui ne connoissent d’autre cure de la vomique que le détachement de l’abcès, et son vomissement.

Quant aux efforts de voix, à l’éternuement, aux exercices violens, à la promenade en voiture dans des endroits pierreux et inégaux, il est certain qu’ils peuvent être d’un grand secours ; mais aussi ils peuvent beaucoup nuire, s’ils ne sont point proportionnés à l’état de la constitution, et peu mesurés aux forces du malade.

Je préfère les vapeurs stimulantes à l’émétique, quoique Hippocrate ait guéri quelquefois en donnant de l’ellébore. On n’a pas à craindre que les efforts que l’émétique procure, venant à coïncider avec ceux que le malade fait pour cracher, occasionnent une suffocation. Meibonius a fort bien observé que les émétiques, les purgatifs, et autres semblables, procurent des évacuations soudaines, et trop violentes qui peuvent être funestes.

3°. Quand il paroît, sur le côté de la poitrine, des marques de l’abcès avec douleur, pesanteur et autres signes, il faut alors l’ouvrir, de peur que la suppuration venant à se faire par la trachée artère, et ne pouvant pas être assez copieuse, il ne s’y forme des ulcères fistuleux. Hippocrate pratiquoit cette opération, lors même que les indices étoient douteux.

On voit périr beaucoup de gens par des ulcères formés par la suppuration du poumon. D’après l’ouverture de leurs cadavres,