Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/504

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ceptible de recevoir la charge la plus considérable, peut être mue par la moindre force ; car moins on peut employer de bestiaux à la tirer, sans les fatiguer, sans courir les risques des accidens, et plus il y a de bénéfice : cette proposition n’a pas besoin d’être démontrée. Ainsi, la solidité et la facilité à être mues sont les attributs des meilleures voitures.

Les mêmes formes de voitures ne conviennent pas également dans tous les pays, à toutes les localités, ni indistinctement aux différentes espèces de bestiaux qu’on peut employer au trait. Par exemple, les voitures les plus communes dans les plaines, sur les chemins larges, droits et unis de la Flandre, tirées par de grands et vigoureux chevaux de Frise, communément attelés plusieurs de front, ne pourroient être d’aucun usage dans les régions montagneuses, sur les chemins étroits, rocailleux et escarpés des Vosges, des Ardennes, du Cantal, de la Haute-Vienne, de la Creuse, de la Corrèze, de la Dordogne, etc. où les bœufs exécutent presque tous les travaux de la culture. Souvent même on doit trouver dans une ferme suffisamment pourvue des instrumens et des meubles nécessaires à l’exploitation, différentes sortes de voitures, parce que les unes sont plus propres que les autres au transport de telle ou telle espèce de récolte, de tel ou tel genre d’engrais, et que la facilité de charger et de transporter produit une grande économie de tems, bien inappréciable en agriculture, Cependant il faut se garder de multiplier ces sortes de meubles au de-là du besoin. Un sage économe se prête aux dépenses nécessaires, mais ne les excède pas.

Les voitures les plus employées dans l’agriculture sont le char ou chariot, les charrettes, les tomber aux et les haquets. Les chariots sont ordinairement montés sur quatre roues, et les chevaux ou les mulets qui les traînent sont attelés à un timon ; deux roues seulement portent les autres voitures.

Quand ces dernières sont tirées par des bœufs, on attèle ces animaux à un timon ; quand elles doivent recevoir un attelage de chevaux ou de mulets, l’un d’eux est placé dans des limons ou dans une limonière ; et le surplus de l’attelage le précède, les chevaux on mulets étant placés de file, à la queue l’un de l’autre.

Les chariots et les charrettes ne diffèrent guère entre eux que par le nombre des roues ; leur construction est très-simple : ces voitures sont formées de deux maîtres brins, appelés limons, unis l’un à l’autre par quatre, six ou huit épars qui servent à soutenir les planches qui deviennent le fond ou le plancher de la voiture. Cette première partie posée et fixée sur un ou deux essieux est le bâtis, la charge ou la cage de la voiture. La partie des limons qui excéde la charge forme le brancard dans lequel on fait entrer le cheval ou le mulet qui doit remplir les fonctions de limonier. Quand la voiture est destinée à être traînée par des animaux attelés de front, deux