Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/516

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foible péage, de traîner sur la charrette à un cheval tous les fardeaux qu’il lui plaira ; mais que la charge pour deux chevaux soit déterminée, et le droit augmenté ; que celle pour quatre soit déterminée, et le droit proportionnellement augmenté, et que ce dernier aille toujours en croissant, de sorte qu’il supplée à toute défense que l’on pourroit porter contre les charges trop considérables. Si l’on suivoit un tel plan, on ne tarderoit pas à reconnoître les heureux effets qu’il produiroit sur nos routes.

On a beaucoup favorisé, en diminuant le droit de péage, les larges et forts bandages des roues ; mais ce moyen est tout aussi nuisible, et ces bandages écraseront toujours les cailloux avec la même promptitude que les roues couvertes d’un fer étroit. Si les routes sont délabrées, cela provient de ce que les pierres que l’on y répand, sont aussitôt réduites en poudre et enlevées par les vents, ou converties en boue. Je me suis d’ailleurs convaincu, poursuit M. Young, en suivant dans sa marche un charriot dont les jantes des roues étoient étroites, que le large bandage produisoit un bien plus mauvais effet, en pulvérisant tout ce qu’il rencontroit.

Pour une recherche de ce genre, c’est dans les faits seuls que l’on doit chercher à puiser quelques lumières. Les routes d’Irlande ont, pour leur confection, coûté beaucoup moins que celles d’Angleterre, et néanmoins elles sont parfaitement mieux conservées ; ce qui est dû, comme je l’ai remarqué lors de mon voyage dans cette île, à l’usage des charrettes à un cheval. On économiseroit plusieurs millions, si des réglemens étoient portés de manière à encourager l’emploi des charrettes, et à gêner celui des charriots.

Nous n’avons point fait d’expériences précises du service des petites voitures à un cheval, comparé avec celui des charrettes attelées de trois ou quatre chevaux. Cependant, quand nous avons été dans le cas de nous servir des premières pour rentrer quelques restes de récolte, soit en blé, soit en fourrage, ou pour transporter quelques riches engrais dans des clos à chanvre, nous avons constamment observé qu’un seul cheval traînoit constamment, sans gêne, un poids fort au dessus de celui du tiers ou du quart de la charge d’une grande voiture tirée par trois ou par quatre chevaux. Il n’est pas douteux, en effet, que la parfaite réunion des forces n’est ni constante, ni même d’une longue durée dans les attelages à plusieurs chevaux, et que leur accord dans l’action de tirer est d’autant plus rare, que les bêtes de l’attelage sont en plus grand nombre.

Cette observation en faveur des petites voitures nous conduit à en décrire ici une très-ingénieuse, très-commode, et très-utile. On l’emploie dans les travaux publics depuis environ trente ans ; mais elle est trop peu connue des cultivateurs qui pourroient en tirer les plus grands services, sur tout pour le terrotage des champs et des