Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/531

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maux utiles qu’ils trouvoient chez les autres nations.

Après la conquête des Gaules, ils apprirent à nos ancêtres à connoître ces nouvelles richesses. C’est à ce peuple conquérant et observateur que nous devons plusieurs fruits qui font aujourd’hui les délices de nos tables. La découverte de l’Amérique, les voyages qui se sont multipliés, les progrès que l’histoire naturelle et l’économie rurale ont fait dans le dernier siècle, sont autant de causes qui ont augmenté presque à l’infini le nombre des espèces et des variétés de fruits, et qui ont presque doublé celui des races précieuses d’animaux.

Si les conquêtes que nous avons faites sur la nature, sont grandes, celles qui nous restent à faire peuvent les égaler ou même les surpasser.

Ces sortes d’acquisitions ainsi que nous le prouve l’expérience, se font toujours lentement. L’homme qui jouit se contente de ses jouissances présentes, il cherche rarement à les porter au-delà de ses habitudes ou des objets qui frappent immédiatement ses sens.

Les souverains et les riches particuliers se couvroient avec orgueil dans le douzième siècle, de vêtemens qui seroient aujourd’hui dédaignés par les citoyens des classes inférieures. Si un homme éclairé eût proposé à cette époque de naturaliser les races de moutons à laine fine, ou le ver à soie, on eût regardé cette idée comme chimérique ou absurde.

Aujourd’hui de telles propositions sont écoutées : et il est heureusement peu de personnes qui n’en sentent l’importance. Cependant l’apathie où nous retiennent nos anciennes habitudes empêche, ou du moins retarde l’exécution de ces projets vivifians. L’homme riche occupé de ses jouissances ne sent pas qu’il peut facilement en augmenter le nombre ; celui qui possède une fortune médiocre, satisfait de son sort, ne cherche pas à le rendre meilleur. C’est ainsi qu’on reste indiffèrent sur des améliorations avantageuses à tous, même à la classe indigente, mais qui heureusement profite toujours de la prospérité des autres classes.

On sait qu’il n’y a pas de pays en Europe où les races des animaux domestiques soient aussi belles et aussi bonnes qu’en Angleterre. Cette amélioration est absolument étrangère au sol et au climat de la Grande-Bretagne. Elle est due aux soins que les Anglais ont eus de choisir dans tous les pays les plus belles espèces, et de les naturaliser chez eux. Quoique sous un.climat austère, ils ont introduit depuis quelques années de nouvelles espèces d’animaux dans l’espérance d’en tirer des produits favorables à l’agriculture et à l’industrie. Imitons les Anglois dans cette louable activité qui tend sans cesse à augmenter les fortunes particulières, et qui toujours enfante la prospérité publique ; mais cessons de les imiter dans ces goûts frivoles qui en ruinant nos manufactures, font prospérer celles de nos plus cruels ennemis, et leur