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XIX. Le Sarluc ou le Bœuf grogneur, est un animal du même genre que le bœuf musqué, et a, comme celui-ci, des poils qui lui descendent jusqu’aux genoux. Il est originaire des parties septentrionales de la Tartarie et du Tibet : il a même été amené à l’état de domesticité dans quelques endroits de ce pays, ainsi qu’une variété de cette espèce, connue sous le nom de vache chittigong, l’a été dans les parties supérieures de l’Indostan. Il a le poil noir, avec la crinière, la queue, et une raie sur le dos, qui sont blanches. Les poils de la queue sont très-beaux, et sont très recherchés dans l’Inde, où l’on en fait des chasses-mouches à manche d’argent.

XX. Le Buffle, Buffetus. Le gouvernement a tiré d’Italie des buffles qu’on élève dans les établissemens nationaux. Cet animal qui, pour le travail, est préférable au bœuf, donne une chair dont notre délicatesse ne nous permettra jamais de faire usage. Cet inconvénient arrêtera sans doute sa propagation. Il seroit important de tenter une expérience qui a réussi dans le Brandebourg et en Angleterre. Il y a cinq ou six ans qu’on a fait accoupler dans ce dernier pays un buffle avec une vache. On a obtenu des animaux qui donnoient une grande quantité de bon lait. Si cette nouvelle famille avoit plus de vigueur que le bœuf, ainsi qu’il est probable, si elle se reproduisoit d’elle même, et si sa chair étoit bonne à manger, comme on tac l’a assuré, ce seroit une acquisition précieuse pour l’agriculteur

XXI. Le Nil-gaut, connu aussi sous le nom de Bœuf-gris du Mogol, se trouve dans plusieurs endroits de l’Inde. Un mâle et une femelle ont été conservés vivans dans le parc de la Muette, en 1774. Il est de la grandeur d’un cerf de moyenne taille ; il est doux, vite à la course, et assez fort pour être utilement employé à divers travaux. « Comme il vient d’un pays où la chaleur est plus grande que dans notre climat, il sera peut-être difficile de le multiplier ici, (dit Buffon) : ce seroit néanmoins une bonne acquisition à faire ».

XXII. Le Cheval sauvage equus hemionus de Gmelin, que les Mongols nomment Dshiggnétéi, habite la Mongolie et d’autres déserts de l’empire de Russie. Il est très-effilé, et fort léger. « On s’accorde à penser, dit Pallas, que dshiggnétéi surpasse à la course tous les autres animaux. On ne pourroit se procure de meilleurs bidets que ceux de cette espèce, s’il étoit possible de les apprivoiser ; je suis persuadé qu’on y réussiroit si l’on pouvoit prendre ces animaux peu de jours après leur naissance ». Les Tongouses mangent la chair du dshiggnétéi, et la préfèrent à celle de tout autre gibier.

XXIII. L’Onagre. Les anciens avoient une race d’âne très-estimée pour sa force, et sa grandeur. Elle provenoit des ânes sauvages ou onagres qu’on voit encore