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gemens. Je m’empresserai alors de les publier en faisant connoître le nom de leur auteur.

Lasteyrie., membre de la Société d’agriculture de Paris.


CHICORÉE-SAUVAGE. (Cichorium entibus).

Cette plante, que l’on cultive généralement dans nos jardins, est la même que celle dont on fait usage pour les bestiaux. La manière de la cultiver dans les jardins a été suffisamment décrite à l’article chicorée de ce Dictionnaire. Nous nous bornerons donc ici à décrire sa culture en grand, à présenter les avantages qu’offrent sa tige et ses feuilles, comme fourrages, et ceux qu’on peut retirer de ses racines, en les employant comme une-substance propre à donner une excellente liqueur caféiforme.

Culture en grand de la chicorée.

Ne nous étant pas trouvés dans des circonstances propres à cultiver cette plante par nous-mêmes, nous allons extraire, des mémoires dé la Société d’Agriculture de Paris, un mémoire donné par un habile cultivateur, le citoyen Cretté de Palluel.

« Il seroît à désirer que la culture de la chicorée s’étendît dans tous les pays où les pâturages naturels manquent, et où Tes semences même des prairies artificielles se refusent au sol ; on en retireroit l’avantage de suppléer aux diverses espèces de fourrages qu’on ne peut se procurer, particulièrement dans le printemps et dans l’été.

» La chicorée croît aisément dans toutes sortes de terres ; elle est vivace, et demande peu de frais de culture ; elle se sème au printemps, après un seul labour ; on la recouvre ensuite avec la herse. Un boisseau de graine suffit pour un arpent, mesure de Paris. Elle peut se semer aussi, comme la luzerne, dans les avoines, avant les seconds hersages, afin que cette opération serve à couvrir la graine ; ou encore dans les orges, en répandant l’une et l’autre semence le même jour. Si on la sème seule, au mois de mars, dans une terre préparée par un labour, ensuite hersée et roulée, on peut faire deux récoltes la même année. Le produit sera beaucoup plus abondant si on fume le terrain l’hiver suivant. Il faut la faucher avant que les tiges aient acquis beaucoup de grosseur.

» Cette plante brave la grande sécheresse et résiste aux orages ; comme elle croît de bonne heure, ses premières feuilles, larges, touffues, s’étendent latéralement, couvrent la terre, et en conservent la fraîcheur, ce qui préserve ses racines des chaleurs qui souvent dessèchent toutes les autres productions. Elle ne craint pas les orages, parce que ses tiges, grosses et roides, se soutiennent contre les vents et les grandes pluies qui abattent et renversent tout. Les grands froids, ni la gelée, ne lui portent aucune atteinte. Son prompt accroissement la rend surtout précieuse, en ce qu’elle fournit un fourrage abondant et salutaire, dans une saison où les bestiaux, rebutés de la nourriture