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fier d’une plante dont les sucs ont une propriété si active.

Dans les pays vignobles, on donne aux animaux les feuilles des vignes après les vendanges ; on leur donne également, dans les départemens méridionaux, les feuilles et les jeunes branches des oliviers provenant des tontures de cet arbre.

Les feuilles de tous les arbres fruitiers peuvent être employées au même usage avec un égal avantage.

Au reste, si les effets du Verd dépendent beaucoup de la nature des végétaux qui le fournissent, la manière de les récolter et de les distribuer y contribue aussi très-puissamment.

CHAPITRE VI.

Des précautions qu’exigent la récolte du verd, et sa distribution aux animaux.

C’est une opinion générale, et la pratique est conforme à cette opinion, que le verd doit être récolté avant que la rosée dont il est couvert, se soit évaporée ; cette conduite est encore fondée sur la remarque que l’on a faite, que l’herbe ainsi chargée de rosée purgeoit les animaux, et plus vite et plus abondamment ; or, c’est à cette purgation que l’on attribue presqu’entièrement les bons effets du verd ; ce que j’ai dit dans les chapitres précédens sur les effets de cette crise doit suffire pour mettre à même d’apprécier cette opinion. Non seulement cette purgation si abondante et si prompte n’est pas un aussi grand avantage qu’on le croit, mais elle est souvent dangereuse, souvent elle est accompagnée de tranchées violentes et quelquefois de météorisations mortelles ; mais son effet le plus ordinaire est de laisser long-temps l’estomac dans un état de débilité et d’atonie dont le repos et la bonne nourriture ne parviennent pas toujours à triompher.

Les fourrages récoltés mouillés sont entassés sur des voitures où ils commencent à fermenter ; on en forme des tas dans les granges attenantes aux écuries, et quelquefois dans les écuries mêmes ; c’est ordinairement le soir, au moment de la rosée que se récolte la provision du matin, et le matin celle du soir ; le temps qui s’écoule entre l’entassement et la consommation, suffit pour que le pâturage s’échauffe, et dans cet état les chevaux ne le mangent qu’avec dégoût, et en jettent plus de la moitié sous leurs pieds, inconvénient assez grand, sans parler de l’effet que peut produire, sur les animaux, ce commencement d’altération.

Il est rare qu’on soupçonne la vraie cause de ce dégoût ; on cherche il y remédier par des médicamens ; on donne aux animaux qui en sont attaqués, du crocus, ou bien on leur fait une saignée plus ou moins abondante, ce qui, le plus souvent, ne fait qu’aggraver le mal en achevant de détruire le ton des organes digestifs.

Si tels sont les effets des plaintes graminées, récoltées chargées d’humidité, celles des plantes légumi-