Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec les restrictions dont on a déjà fait mention plus haut. Il est indispensable de faire un choix raisonné des substances qui sont en même-tems rafraîchissantes et antiseptiques ; telles sont les boissons acidulées. En acidulant les décoctions antiseptiques, on leur enlève la qualité incendiaire qui leur est propre, et leur usage est, avec cette précaution, d’un effet assuré. On observe, d’ailleurs, que, dans le cas supposé, les acides ont une action tonique. On observera que les cordiaux ne sont point exclus du mode curatif de ce second tems. On en subordonne seulement l’emploi aux indications manifestes qui les font admettre. Les attractifs et les révulsifs sont d’une nécessité absolue pour charger la peau de toute la matière varioleuse, ou pour attirer sur elle tout ce qui peut encore être mû par l’action vasculaire.

On ne s’attend point à une suppuration louable dans la petite vérole maligne ; cette suppuration séreuse ou ochreuse marche si lentement chez quelques malades, qu’on l’a vu durer plus d’un et deux mois, toujours accompagnée d’un danger évident. Quelle qu’elle se montre, tous les efforts du médecin doivent tendre à la rendre meilleure ; et c’est par les antiseptiques acidulés qu’il y parviendra ; puis en débarrassant, autant qu’il le pourra, les viscères des portions d’humeurs varioleuses qui tendroient à corroder leur tissu. Cette seconde indication est encore aidée par les laxatifs, par l’usage du camphre, qu’on assure s’opposer plus puissamment que dans toute autre affection, à la suppuration gangreneuse de la petite vérole. S’il est vrai, comme on n’en peut pas douter, qu’en relâchant beaucoup la peau, on procure issue, au moins en partie, au virus délétère de la petite vérole, les fomentations ne doivent pas être négligées. L’humidité ouvre les pores, dissout et enlève une portion du virus, favorise la transpiration qui l’emporte avec elle, prévient les gangrènes locales, les érosions profondes des tégumens, en ouvrant de bonne heure les abcès varioleux : met obstacle à la fièvre, qui prend le caractère hectique ; on aide leur action par l’abondance des boissons un peu diaphorétiques, par le mélange de l’eau au vin, qui est antiseptique et cordial, et par des alimens tirés du règne végétal, sous forme liquide, tels que les décoctions d’orge, de froment, de riz, et les crèmes légères qu’on en compose.

Par la lenteur de la suppuration, et son inégalité de tems, le troisième tems se confond avec la seconde période dans la petite vérole maligne. Cette irrégularité dans la marche de la maladie, réunit, en quelque manière, sur les sujets qui en sont attaqués, les périls de plusieurs époques. Cette complication de symptômes, qui devroient être distincts les uns des autres, est le motif qui détermine un bon médecin à continuer le plan de curation mixte de plusieurs périodes : et d’ailleurs, les symptômes lui commandent cette conduite. Si l’on avoit retardé, jusqu’à la pé-