Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/149

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sa nature et de ses combinaisons. Ce célèbre chimiste a prouvé qu’une partie de diamant et quatre parties d’oxigène forment cinq parties d’acide carbonique, et qu’avant d’arriver à cet état il passe par les différens degrés d’oxidation du carbure de fer, de l’anthracite et du charbon ordinaire. Si nous ne trouvons que bien rarement dans la nature le carbone dans son état de pureté, nous y rencontrons abondamment le charbon qui forme l’un des matériaux les plus importans des substances végétales et animales. Les travaux de Lowitz, de Morozzo, de Van Mons et de Duburga, sur les propriétés décolorantes et désodorantes du charbon, ont fourni à la société des applications très-importantes, parmi lesquelles on doit mettre au premier rang l’établissement de MM. Smith et Cuchet pour la dépuration des eaux corrompues. Quoique Galien et Paul d’Egine eussent obtenu de très-bons effets du charbon sur des femmes chlorotiques, il n’en avoit pas moins été rangé dans la classe des substances inertes ; mais depuis quelque temps il a été employé avec le plus grand succès dans les gangrènes humides, les ulcères, la teigne, le scorbut, et il doit occuper la première place parmi les stimulans, les désodorans et les antiputrides.

Gaz acide carboneux. Cette substance, que MM. Clément et Desormes ont fait connoître, en traitant des oxides métalliques par le charbon, est, suivant eux, un acide carbonique surchargé de carbone ; mais M. Berlhollet, dont l’opinion est toujours d’un si grand poids, prétend que ce gaz n’est que de l’hydrogène carboné auquel peut être unie une très-petite portion d’oxigène. Le gaz acide carbonique résulte de la combinaison du carbone avec l’oxigène ; répandu très-abondamment dans la nature, il y existe à l’état gazeux, liquide ou solide : les anciens le regardoient comme l’acide universel. Ingenhouse, dont les utiles travaux ont enrichi la physique végétale, a prouvé que toutes les plantes dégagent du gaz oxigène quand elles sont exposées à la lumière, et qu’elles ne donnent plus que de l’acide carbonique dans l’obscurité. Cette grande vérité nous fait voir combien est belle l’harmonie qui existe entre ces deux grandes classes de corps qui se fournissent réciproquement les principes nécessaires à leur existence. Plus pesant que l’air atmosphérique, l’acide carbonique se trouve à l’état de gaz dans les souterrains, les grottes, les lieux volcanisés, et il entre pour un centième dans la composition de l’air atmosphérique. La fermentation et la décomposition des substances végétales et animales fournissent ce gaz qui ne peut servir à la combustion, et qu’on ne peut respirer sans danger. Devenu liquide par l’eau, à la température ordinaire, il s’y combine à volume égal ; mais Paul de Genève, à qui nous devons le bel établissement de toutes les eaux minérales connues, a trouvé les moyens de lui en faire absorber cinq fois son volume. Il a une saveur aigre bien prononcée, et il rougit les couleurs bleues végétales. L’acide carbonique, combiné avec les terres et les alcalis, forme les carbonates dont quelques uns sont très-répandus dans la nature. Il a été employé en médecine, dans les aphtes, les fièvres putrides, et les ulcères chancreux ; il est regardé, à l’état liquide, comme un très-bon rafraîchissant antiseptique.

Acide Camphorique. Le camphre s’obtient par la distillation de branches du laurus camphorata, qui croît en abondance à Ceylan, à Java, à Bornéo et au Japon. Il a une saveur âcre, chaude et amère ; il est insoluble dans l’eau et très soluble dans l’esprit de vin, avec lequel il forme la préparation connue sous le nom d’esprit de vin camphré. Il est très-