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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/159

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étendu dans la proportion de trois à quatre cents parties d’eau contre une, il a une acidité agréable, et il est regardé comme rafraîchissant, tempérant et antiseptique. Combiné avec quelques bases, comme la potasse, la soude, la magnésie, il forme des sels fort usités en médecine, qui sont de très-bons purgatifs. L’alun et la couperose, dont le premier est un sulfate acide d’alumine et potasse, et le deuxième un sulfate de fer, sont des sels très-employés, sur-tout dans les teintures, auxquelles ils fournissent d’excellens mordans.

Les propriétés merveilleuses du plâtre, sulfate de chaux, étonneront encore long-temps les agriculteurs les plus habiles ; ils concevront bien difficilement qu’une substance aussi insapide et aussi insoluble, puisse agir comme les engrais les plus puissans, et provoquer d’une manière aussi efficace l’accroissement des herbes et des graminées.

Acide sébacique. Thénard, en examinant l’acide de la graisse, s’est assuré que Crell, et les chimistes de Dijon, qui le regardoient comme fort odorant, se sont trompés sur sa nature et ses propriétés. L’acide sébacique est légèrement acide et sans odeur ; il se fond comme de la graisse, et il cristallise par refroidissement. L’alcool en dissout une bien grande quantité ; et si l’on fait évaporer la dissolution avec soin, il cristallise en grandes lames très-brillantes.

Acide tartareux. La substance que l’on vend dans le commerce, sous le nom de crème de tartre, est une combinaison de l’acide tartareux en excès avec la potasse ; elle est connue, suivant la nouvelle nomenclature, sous le nom de tartrite acidule de potasse. Ce sel existe dans un grand nombre de végétaux, tels que le tamarin, le sumac, la mélisse, la sauge, l’épine-vinette, dans toutes les liqueurs vineuses, et sur-tout dans le vin qui, après la fermentation, le laisse déposer sur les parois des tonneaux. Le tartrite acidule de potasse se trouve réuni dans le raisin, avec les principes gommeux et sucrés, et c’est aux proportions si variées de ces trois substances qui forment les matériaux les plus importans de la fermentation, que l’on doit ces qualité si différentes qui existent entre les vins. Ainsi ceux de Hongrie, de Frontignan, ne donnent que très-peu de crème de tartre ; tandis que les vins de France, de la Meuse et du Rhin, en fournissent abondamment. Comme elle contient ordinairement des substances étrangères, telles que de la chaux, du principe colorant, des sulfates et nitrates de potasse, elle a besoin d’être purifiée, pour pouvoir servir dans beaucoup d’arts. Dans le travail qui se fait à Venise pour la purification de la crème de tartre, on la dessèche dans de grandes chaudières de fer, et après l’avoir réduite en poudre, on la fait dissoudre dans des cuviers remplis d’eau chaude. On traite ensuite à un feu plus doux le sel qui s’est formé ; la dissolution bien chargée, on met dans la chaudière des blancs d’œufs délayés dans l’eau, et l’on y jette de temps à autre un peu de cendre neuve. Cette opération, répétée quatorze à quinze fois sur la même chaudière, produit une vive effervescence et beaucoup d’écume qu’il faut enlever sur le champ ; l’on obtient ensuite une liqueur inodore qui dépose des cristaux très-blancs. Le procédé suivi à Montpellier est préférable, en ce qu’il n’introduit dans la liqueur aucune substance étrangère : après avoir dissous le tartre, et l’avoir obtenu cristallisé, on le fait bouillir dans une autre chaudière, en ajoutant, par quintal, cinq à six livres de terre blanche de Murviel. La liqueur évaporée fournit un sel blanc qui est la crème de tartre ; la saveur de ce sel est aigre, un peu désagréable ; il n’agace pas les dents ; il rougit les couleurs bleues, et il est peu