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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/209

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niaque en mêlant de la potasse caustique avec de l’huile bouillante, ou en faisant passer de l’eau à travers un mélange, porté au rouge, de potasse et de charbon.

La barite, qui a été pendant quelque temps placée dans la classe des terres, a été ainsi nommée à cause de sa pesanteur qui est quatre fois plus grande que celle de l’eau ; confondue longtemps avec la terre calcaire, elle n’existe jamais seule dans la nature ; et c’est aux travaux de Schèele, de Hope, de Pelletier, de Fourcroy et de Vauquelin, que nous devons les connoissances positives que nous avons sur cette substance. On retire la barite de ses combinaisons, les sulfates et les carbonates ; dans son état de pureté, elle est solide, poreuse, cassante ; elle a une saveur âcre et brûlante, et son action sur l’estomac est celle des poisons les plus prononcés. L’eau bouillante en dissout moitié de son poids ; elle se précipite par le refroidissement, cristallise en longs prismes quadrangulaires. On a donné la barite à l’état de muriate dans les schrophules ; mais malgré d’assez bons effets obtenus en France et en Angleterre, les dangers de cette substance en ont fait abandonner l’usage.

Outre les propriétés alcalines dont jouit la potasse comme caustique, elle attire l’humidité de l’air, et elle y devient liquide. On la prépare en grand dans le nord de l’Europe et dans l’Amérique septentrionale, en brûlant des bois dont on calcine les cendres. Quoique la potasse existe dans toutes les substances végétales, les arbustes, et sur-tout les plantes, comme les orties, les chardons, la fougère, la bourache et le foin, en fournissent davantage ; car le salin contenu dans les bois n’est à celui des plantes que ∷1∶8. La potasse forme la base du sel de nitre que nous trouvons à la surface du sol dans beaucoup de contrées. On la prive de l’acide carbonique qu’elle enlève très-facilement à l’air, en faisant bouillir une partie, pendant trois heures, dans dix pintes d’eau, avec deux parties de chaux vive ; filtrée et évaporée, elle cristallise en prismes à quatre pans, et forme dans cet état la pierre à cautère, dont les usages, comme caustique, sont très-multipliés ; pour l’avoir bien pure, on la dissout dans l’alcool qui en sépare tous les sels étrangers. La potasse est très-soluble dans l’eau ; elle se combine facilement avec les terres, les acides, et elle fournit des agens très-utiles aux arts et aux manufactures : toutes ses combinaisons avec les huiles, les matières grasses, et les substances animales, ne donnent que des savons mous.

La soude que l’on trouve dans le commerce est toujours mélangée avec plusieurs sels qui l’accompagnent dans les plantes marines qu’on brûle pour l’obtenir. La barille est cultivée avec le plus grand soin en Espagne, elle fournit les belles soudes d’Alicante et de Carthagène. La salicorne croît très-facilement sur les bords des étangs dans le Languedoc et la Provence ; on en retire une soude d’une assez bonne qualité, mais qui est moins pure et moins riche en alcali que les deux premières ; cependant elle vaut beaucoup mieux que celles de Cherbourg et de toute la Normandie, qui proviennent des fucus et des goémons. La soude jouit de toutes les propriétés de la potasse avec laquelle elle a les plus grands rapports ; mais loin d’attirer l’humidité de l’air, elle perd son eau de cristallisation, et s’y dessèche : on la préfère à la potasse dans les verreries, où elle opère une fusion plus prompte et plus facile ; dans la fabrication des savons, qu’elle seule rend durs et solides, et dans une foule d’arts, où elle agit d’une manière moins caustique ; elle forme, avec les corps combustibles et les acides, des combinaisons très-utiles et très-employées.