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vent inondées par des crues inattendues et tardives, c’est de faucher les plantes le plus près de terre possible. Les racines de ces végétaux, imbibées par les eaux de l’inondation, qui est la plus ordinairement suivie de chaleurs, (puisque c’est par des orages que sont occasionnées ces crues d’eau) ne tardent pas à repousser. Leur végétation est d’autant plus active, que la couche de terre e été couverte d’une plus grande quantité d’humus. Si on laisse sur pied ces fanages oblitérés et mourans, ils ne profitent plus, et ne renvoyant pas à leurs racines les alimens qu’ils tirent de l’atmosphère, ils dépérissent, la prairie se détériore ; de plus, le foin qui provient du fauchage de ces plantes viciées est malsain pour les bestiaux et leur occasionne des maladies souvent contagieuses.

Mais, lorsqu’on répand sur la surface de la terre des eaux imprégnées d’une grande quantité de limon, et qu’elles y séjournent assez de temps pour l’y laisser déposer, il en résulta un grand avantage pour la fertilité des terres. C’est à des inondations périodiques de cette nature, qu’est due la fécondité de l’Égypte et de tous les terrains inondés par de grands fleuves. Ils y apportent, des contrées les plus éloignées, des sédimens terreux, végétaux et animaux qui, contenant du carbone dans une extrême division, excitent les végétations les plus vigoureuses, les plus rapides, et les plus productives.

Propriétés des eaux composées. Dans les jardins, on compose des bouillons pour les arbres malades, et pour ceux dont on veut hâter la floraison. Ce ne sont autre chose que des eaux bourbeuses, imprégnées de différentes substances végétales et animales. Ceux destinés à de jeunes arbres malades, attaqués de la jaunisse, qui poussent foiblement, et dont les jeunes pousses périssent, sont faits avec du jus de fumier des animaux de basse-cour. Dans un tonneau défoncé rempli d’eau aux deux tiers, on met un sixième de bouse fraîche de vache, un douzième de fumier de mouton, et un douzième d’urine de bestiaux. Ces substances, bien mélangées ensemble, doivent être placées dans le tonneau défoncé, et exposées au soleil pendant dix jours.

Lorsqu’on veut administrer le remède, on déchausse la surface des racines de l’arbre malade, on les arrose d’un seau ou deux de l’eau bourbeuse tirée du tonneau après qu’elle a été bien agitée. Cet arrosement doit avoir lieu dans le milieu du jour, à l’heure la plus chaude, et être répété trois ou quatre fois, de deux jours en deux jours. À la dernière fois, on étend sur les racines le résidu qui se trouve au fond du tonneau, et l’on recouvre les racines avec la terre qui les couvroit précédemment.

Le bouillon qu’on emploie pour hâter la floraison des orangers, ne diffère de celui-ci, qu’en ce qu’à la place d’un douzième d’urine de bestiaux, on met une égale quantité de poudrette bien consommée.

Il ne faut pas faire usage de ce remède, pour des arbres qui sont en bonne santé : il en résulteroit qu’activant encore leur végétation, ou l’épuiseroit, et on leur occasionneroit une maladie dangereuse.

Propriétés des eaux froides. La température des eaux est encore essentielle à observer, pour rendre les arrosemens profitables. Trop froides, c’est-à-dire au point qui précède leur congélation, puisqu’à un degré plus bas elles forment de la glace, elles arrêtent la végétation, en rétrécissant les canaux par lesquels passent les fluides nécessaires à l’existence des plantes.

Propriétés des eaux chaudes. Trop chaudes, elles peuvent brûler les racines, ou distendre les fibres des végétaux, et leur enlever l’élasticité nécessaire à leurs fonctions.