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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/272

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nues maintenant pour exercer, à un degré plus ou moins éminent, la propriété dont il s’agit ! (Parmentier.)


ASPERGES, (Jardinage.) Dans le nombre des méthodes que Rozier a décrites pour préparer et conduire une aspergerie, il paroit que les Traités de Mallet et de Filassier, qu’il a cependant appréciés à leur juste valeur, ont été ses principaux guides. Mais, comme l’asperge est d’une grande consommation, et que son apparition sur nos tables annonce le retour du printemps, il n’est pas étonnant que les recherches des cultivateurs, sur ce végétal, se multiplient tous les jours ; voici quelques nouveaux résultats qui semblent avoir des partisans.

Comme les carrés consacrés aux asperges, dans tous les potagers, ne peuvent recevoir que cette destination, et qu’elles demandent, pour leur culture, du terrain et des soins, un particulier a proposé, au lieu d’enterrer les griffes dans le fumier ou le terreau, de les disséminer dans le jardin, parce qu’elles occuperoient moins de place, et donneroient en même temps un produit plus avantageux ; mais alors il seroit nécessaire de marquer le lieu où elles se trouveroient placées ainsi isolément, parce que, dans les travaux du jardinage, on ne manqueroit pas de préjudicier à la racine, dont aucun indice ne feroit appercevoir l’existence.

Un amateur, M. Béville, cultive depuis plusieurs années, à St-Denis, dans les environs-de Paris, avec le plus étonnant succès, des asperges qui égalent eu beauté, et pour le goût, celles de Hollande ; les moins grosses ont un pouce de circonférence, et beaucoup en ont deux ou trois ; il a tellement acclimaté et perfectionné les siennes, que depuis long-temps il ne tire plus la semence, que des porte-graines de son jardin. Le procédé qu’il suit est fort simple ; il se réduit, en résumé,

1°. A creuser d’un fer de bêche ou de dix-huit pouces, le sol ;

2°. À réserver un sixième de la terre enlevée ;

3°. À étendre douze à quinze pouces de fumier et le tasser ;

4°. À couvrir ce fumier de neuf pouces d’un mélange de la terre réservée, de terreau et de terre de route, y planter les griffes et les recouvrir de paille.

J’ai dernièrement reçu de Metz des asperges d’un volume énorme, et dont le goût étoit très-délicat. Désirant connoître le procédé d’après lequel on parvenoit à leur donner une telle grosseur, sans nuire à leur qualité, et le communiquer ensuite au public, je pris le parti d’écrire à M. Desprès qui me les avoit envoyées, et il s’empressa de seconder mes vues. C’est lui qui va parler.

« La méthode pratiquée pour avoir des asperges comme vous en avez eues, est de les semer dans les lieux mêmes où elles doivent rester. Il faut que le sol où l’on veut établir un plant, soit de bonne qualité, d’une terre très-meuble, légère, d’un fond suffisant pour lui donner une nourriture abondante. Comme les racines d’asperges poussent plusieurs longues fibres qui s’enfoncent profondément, en les semant en place on ne court point le risque de les endommager lorsqu’on les arrache ; elles s’étendent alors au loin, poussent vigoureusement, et font de très-grands progrès sur les côtés et en tous sens, au moyen de quoi leurs couronnes se trouvent dans le centre. Si au contraire on les transplante, les racines souffrent beaucoup, au point que l’on ne peut cueillir d’asperges qu’au bout de quatre ans. L’expérience prouve, à Metz, à Thionville et à Sarre-Libre, qu’une terre sablonneuse, légèrement ocrée, est celle qui