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rines qui les fatiguent, et les font tomber dans le marasme.

Les signes prochains auxquels on reconnoît que l’avortement se prépare sont généralement les signes du part, avec quelques modifications. (Voy. Accouchement.)

Si le fœtus est mort dans la matrice, la mère est ordinairement triste, dégoûtée, ne donne plus de lait, les mamelles se flétrissent, la vache est plus ou moins gonflée, le vagin est d’un rouge-noir, il en sort une matière sanguinolente, piriforme, très-fétide, qui vient de la matrice ; l’animal mugit d’une manière plaintive ; il se tourmente, ou reste couché et languissant : les douleurs et les difficultés sont d’autant plus grandes, que le col de la matrice est plus resserré. (Voyez Accouchement, pour les moyens qui conviennent pour débarrasser la mère.) Après l’avortement, il survient quelquefois des ébullitions, des éruptions prurigineuses sur tout le corps, ou seulement à quelques parties. C’est une véritable crise que l’on doit favoriser, soit par des frictions avec le bouchon, l’étrille ou la brosse, soit en tenant la bête couverte, et en lui donnant des breuvages d’infusion de fleurs de sureau.

Dans une épizootie sur les vaches, on observa que toutes celles qui avortoient guérissoient de la maladie, et l’on crut qu’en les faisant avorter on les préserveroit ; mais l’événement ne repondit point à l’attente, toutes les bêtes que l’on fit avorter succombèrent.

Si la totalité, ou un grand nombre des animaux existans dans une même étable avortent, quelques cultivateurs regardent l’avortement comme une maladie contagieuse. Nous ne partageons pas leur opinion, mais nous pensons qu’alors il faut s’appliquer à détruire quelques unes des causes que nous avons précédemment indiquées et qui agissent d’une manière uniforme sur tous les animaux d’une même étable, et qui sont soumis à un régime également vicieux.

Décrivons maintenant les précautions qui préserveront les animaux domestiques de l’avortement et des rechutes. Elles consistent dans une manière de vivre tout à fait opposée à celle dont nous venons de développer les dangereux effets. On doit donc placer moins de vaches dans une étable, ou l’agrandir, enlever souvent les fumiers, faire chaque jour de la litière fraîche, et en assez grande quantité, tenir les portes et les fenêtres ouvertes de temps en temps, afin de renouveler l’air, et d’en faire chasser les odeurs, les exhalaisons putrides ; pratiquer au sol des ruisseaux qui conduisent les urines dehors à mesure qu’elles sont rendues ; sortir tous les jours les vaches ; les tenir à l’air, et les exercer assez longtemps, c’est-à-dire une heure au moins par jour, pour exciter l’action de leurs organes digestifs, et sur-tout du canal intestinal, pour entretenir la souplesse des muscles et de la matrice, pour donner au sang de bonnes qualités, et pour donner à la circulation toute son étendue et tous ses bons effets par rapport au fœtus ; nourrir les vaches le moins qu’il est possible à l’étable, en ayant des pâturages naturels ou artificiels, et, quand elles doivent être logées dans les étables, leur faire manger peu de paille, mais plutôt de bon foin ; par ces moyens, on évitera non seulement les avortemens, mais encore une foule de maladies épizootiques très-fréquentes, qui sont causées par un régime aussi barbare que destructeur. (Ch. et Fr.)


AZE ou HAZE, (Chasse,) femelle du lièvre et du lapin, lorsqu’elle a porté ou qu’elle est pleine. (S.)