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et Brochan, nommés commissaires par le Gouvernement, qui a accordé un brevet d’invention à M. Brune,

On creuse une fosse de quinze à dix-huit pouces de profondeur ; on lui donne un diamètre égal à celui que doit avoir la base des fourneaux : cette fosse est recouverte de feuilles de tôles rivées les unes sur les autres, et supportées par un châssis composé de quelques barreaux de fer ; on a soin de bien luter les parties qui ne seroient pas suffisamment jointes.

Sur ce plan de tôle, on prépare le fourneau de la même manière que dans le procédé généralement usité, c’est-à-dire qu’un prisme triangulaire, composé de bûches couchées, bout à bout, les unes sur les autres, forme le noyau autour duquel on dresse le bois, dont l’assemblage donne un cône tronqué, comme nous l’avons dit plus haut : mais ce prisme creux qui, dans les fourneaux ordinaires, fait fonction de cheminée, ne remplit pas ici le même but ; car son intérieur est garni de bûches dressées verticalement dans toute la hauteur de l’appareil.

Le fourneau ainsi disposé, ayant ou devant avoir pour base une surface égale à celle que présente la tôle, on le recouvre de feuilles, et d’une légère couche de braisil mêlé de terre.

Outre l’ouverture qui donne accès dans la fosse servant de foyer, on fait deux ou trois soupiraux qui communiquent de l’intérieur de la fosse au dehors du fourneau. L’un de ces soupiraux est directement opposé à l’ouverture principale, et les deux autres sont à égale distance du premier et de cette ouverture principale. On place au centre de la fosse deux petits fagots formés de menus branchages, auxquels on met le feu.

Les expériences qui ont été faites, à Paris, par les commissaires dénommés plus haut, ont donné pour résultat un produit, en charbon, double de celui qu’on obtient de l’ancienne méthode, le charbon ayant aussi plus de poids, et étant de meilleure qualité.

Il suit de ce détail, que les propriétaires de forges peuvent réduire à moitié les frais de leur consommation de bois, de manière que, s’ils employoient annuellement, pour la fabrication, dix mille cordes, ils la réduiront à cinq mille environ, et l’on aura le même résultat, et la même quantité de fer.

Les frais de construction ne doivent pas arrêter ceux qui voudroient adopter cette méthode ; car on observera, 1o. qu’un fourneau qui carbonise actuellement quatre cent cinquante cordes de bois, avec lesquelles on produit deux mille quatre cents sacs de charbon, n’excède pas, en frais de matière et de fabrication, la somme de 130 francs ; 2o. que ce même fourneau n’est sujet à aucun entretien, et se transporte, sans aucun embarras, de ventes en ventes, pour la confection du charbon ; 3o. que sa durée doit être de trente ans, et au delà.

Ce n’est pas sans raison qu’on se plaint de l’énorme consommation de bois qui menace la France d’une disette prochaine : aussi les découvertes qui tendent à économiser les combustibles n’ont elles jamais excité plus d’intérêt qu’aujourd’hui. C’est ce qui nous a engagés à consigner ici le procédé de M. Brune, en faisant des vœux pour le voir adopter généralement. (Cotte.)


CHARBON ou ANTHRAX, (Maladie des animaux.) Le charbon est une mortification ordinairement très-rapide, qui a son siège soit à l’extérieur, soit à l’intérieur, et qui est susceptible de se communiquer par le contact. Celle maladie reçoit des noms divers et même bisarres, dans quelques pays. Quand le charbon est à la langue, on l’appelle glossanthrax, ampoule, boufle, chancre à la langue,