Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/453

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grades tuiles faîtières, dont il disposoit les ouvertures de manière que l’une des deux fût abritée des vents de sud ou d’ouest. La mitre qu’il plaçoit au haut des cheminées ne pouvoit donner aucun accès à la pluie et à la neige ; ses quatre ouvertures et ses tuyaux inclinés devoient être assez grands pour laisser échapper entièrement la fumée par un ou deux côtés, dans le cas où son dégagement auroit été gêné par les deux autres ouvertures. Une construction un peu plus dispendieuse, mais dont tous les architectes qui sont venus après Alberti ont éprouvé les bons effets, est la calotte hémisphérique qui, au moyen d’une planche formant girouette, se trouve toujours disposée dans le sens contraire au vent. L’inspection seule des fig. 1, 2, 3, Planche V, suffit pour faciliter l’intelligence des moyens proposés par Alberti, dont la plupart ont servi de modèles pour les tournevents, les gueules de loup, et les autres inventions de ce genre.

Cardan donnoit à la partie supérieure de ses cheminées la forme d’un comble, au bas duquel il plaçoit, sur chaque face, deux tuyaux, en terre inclinés en sens contraire ; ces tuyaux, au lieu d’être cylindriques, pourroient être coniques ; cette disposition faciliteroit d’autant plus l’écoulement de la fumée. Ce moyen, qui est très-simple, a constamment rempli le but des personnes qui en ont fait usage. Voyez la fig. 4, Pl. V.

Delorme divisoit la cheminée en deux parties égales, par une languette qui partoit de l’extrémité de la hotte, et se terminoiy à six pouces au dessus de la partie supérieure : quoique Delorme garantisse l’efficacité de cette construction, je pense qu’elle a dû être bien peu employée. Voyez fig. 5, Pl. V.

Serlio ayant reconnu la nécessité, pour les édifices très-élevés, de donner peu de prise au vent, diminuoit les ouvertures des cheminées par des vases, des sphères, des éolipiles, ainsi qu’on peut le voir par la fig. 6, Pl. V.

Tous les ornemens de ce genre conviennent parfaitement, lorsqu’on veut terminer les édifices d’une manière agréable, et Serlio, en les composant, avoit autant considéré les effets qui pouvoient en résulter pour l’œil, que les avantages comme préservatifs de la fumée. Les sphères en cuivre, remplies d’eau, que Delorme faisoit placer à trois ou quatre pieds du foyer, et les petits moulinets de Jean Bernard, sont des procédés beaucoup plus curieux qu’utiles.

Savot, qui a écrit fort longuement sur les cheminées, fait bien sentir la nécessité d’avoir des appartemens assez grands, pour que le défaut d’air n’oblige pas d’en ouvrir les portes et les fenêtres, ce qui devient très-incommode et souvent dangereux. Il indique de rétrécir, à la hauteur, du plancher, la largeur du tuyau, de relever l’âtre de trois à quatre pouces, de baisser le manteau de manière à n’avoir que trois pieds de hauteur, et de terminer, par une forme circulaire, la partie intérieure de la cheminée. Quant aux moyens proposés par Valon, ils sont beaucoup trop coûteux, pour qu’on puisse en recommander l’emploi.

M. Gauger, dans la Mécanique du Feu, imprimée à Paris en 1713, donne d’excellens principes sur les cheminées ; et, quoique son ouvrage contienne quelques erreurs, on y trouve aussi beaucoup d’expériences nouvelles et fort intéressantes. Il est le premier qui se soit occupé de remédier aux inconvéniens de la fumée, par des changemens faits au foyer, qu’il a disposé de manière à produire plus de chaleur.

Il fait voir dans les premiers chapitres de son ouvrage, que, dans la construction des jambages parallèles, le plus grand nombre des rayons de chaleur qui partent du loyer, restent dans la cheminée,