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Il importe donc de maintenir dans un même canal plusieurs niveaux d’eau ; ce qui est très-facile par les écluses à poutrelles. (Voy. À l’article Ouvrages d’art, ci-après.) Elles seront employées dans les canaux généraux de dessèchement.

Deux piliers de bois portant une rainure, une planche entre deux, formeront un clapet qui suffira dans les petits écours.

Par ces moyens faciles, on se rend entièrement maître de la circulation des eaux ; on les retient ; on les fait circuler ; on les porte à volonté, et dans telle partie qu’on le désire ; on facilite les irrigations ; on précipite les eaux trop lentes par une chasse d’eau de quelques heures ; souvent on réussit à entretenir les canaux par ce seul moyen : car il faut souvent curer les canaux, comme il faut recharger les digues ; et comme ces travaux sont toujours dispendieux, il importe de chercher tous les moyens de les éviter. C’est pour cela que j’ose encore donner les conseils suivans aux desséchants.

Sarclage des canaux. Les terres marécageuses produisent un grand nombre de roseaux, massettes et chouins de toute espèce. Le dessèchement et la culture en délivrent bien le terrain desséché ; mais il est impossible de les empêcher de croître dans les canaux, quand l’eau est stagnante.

Il faut donc les sarcler, et cette opération connue se fait à l’aide de faulx attachées à de longs manches. Des hommes, sur les bords du canal, les sarclent ; d’autres, dans des bateaux, sarclent le milieu : le plus difficile de l’opération est de se délivrer des amas d’herbes. Avec les écluses à poutrelles tout devient facile, parce qu’on se procure des chasses d’eau à volonté ; si on peut les multiplier, les plantes aquatiques croissent moins vite.

Curage des grands canaux. Cette opération, à bras d’hommes, est bien coûteuse. On peut, l’éviter en prévenant l’envasement par le moyen de bacs-râteaux qu’on fait jouer ; ce sont des bateaux qui, par le moyen d’ailes, tiennent toute la largeur d’un canal, et traînent une drague ou pièce de bois armée de fortes dents de fer.

Le courant (quand il y en a) fait marcher ce bac-râteau ; il entraîne les vases. On gaffe en avant, pour prévenir les dépôts qui arrêteroient la machine ; mais elle n’est utile qu’avec un courant assez fort pour l’entraîner : on l’aura toujours par le moyen des chasses d’eau données par les écluses à poutrelles. Je ne puis trop en recommander rasage ; on en trouvera la description dans le chapitre suivant.


CHAPITRE III.


Des ouvrages d’art. — Écluses, Vannes.


Ouvrages d’art. Mon dessein n’a point été de traiter des dessèchemens qu’on ne peut opérer qu’à l’aide de machines dispendieuses, des polders ou moulins de la Hollande, des vis d’Archimède, etc., etc.

Ces travaux sont hors du domaine de l’agriculture ; et je connois peu de terrains en France qui puissent supporter de pareilles avances.

Portes ou écluses. Mais, dans tous les dessèchemens ordinaires, qu’on opère en élevant des digues, en creusant des canaux, il est très-rare qu’on ne soit pas obligé de construire à l’embouchure de chaque écours général, une écluse, vanne ou porte-battante ou à coulisse. Cette construction est indispensable pour tous