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changemens que mes observations m’avoient paru rendre nécessaires, et pour engager le propriétaire à faire construire son fourneau d’après mes principes.

Voici le résultat des expériences qui constatent les avantages que le fourneau qui vient d’être construit a sur celui qu’il a remplacé.

L’ancien fourneau, pour porter à 50 degrés de Réaumur la température de 2500 litres d’eau de puits, étoit deux heures , et il consommoit, dans une opération qui se répète tous les jours, 625 kilogrammes de bois neuf sec.

Le fourneau actuel, au contraire, ne consomme, dans la même opération, que 450 kilogrammes de bois, et il n’est qu’une heure à élever à 50 degrés la température de 2600 litres d’eau de puits ; d’où il résulte que cette nouvelle construction procure évidemment sur le temps une économie des , et sur le combustible un bénéfice de près d’un tiers.

De tels avantages m’ont paru d’une assez haute importance pour mériter d’être connus et pour faire désirer qu’on tirât parti d’une nouvelle méthode qui peut avoir la plus grande influence sur économie du combustible nécessaire aux manufactures.

Observations générales sur la construction des fourneaux. La partie du foyer qui doit supporter la plus grande chaleur, doit être faite en briques très réfractaires. Le meilleur mortier pour briqueter et pour employer dans tous les cas où on veut avoir un mauvais conducteur du calorique, c’est un mélange de parties égales en volume de tannée et d’argile. La tannée empêche le mortier de se fendre, et lui procure une onctuosité qui, par la dessiccation, lui donne beaucoup de fermeté.

Les fourneaux en général peuvent également être construits avec un semblable mortier, et d’après les mêmes principes que ceux d’évaporation dont je vais donner la description.

Les fourneaux qui sont destinés à être fortement échauffés doivent être revêtus extérieurement d’un mur très-épais et construit avec le mortier de tannée : par ce moyen on ne perd que très-peu de calorique. On doit également, dans les fourneaux en général, les construire de manière à pouvoir fermer à volonté le haut de la cheminée, afin de ralentir les effets de la combustion, et de concentrer le calorique dans l’intérieur du fourneau, lorsque cela est nécessaire. C’est sur-tout au moment où la température est très-élevée, qu’il convient de régler l’issue du courant d’air, afin de l’empêcher de traverser l’intérieur du fourneau avec trop de rapidité, ce qui, dans certains cas, est nuisible au succès de l’opération.

En réunissant toutes ces conditions dans les fourneaux en général, on est assuré d’économiser près d’un quart de combustible, et d’opérer une combustion sans aucune apparence de fumée. J’insiste particulièrement sur celle observation, parce qu’il est constant et physiquement démontré qu’un corps combustible n’est complètement brûlé que dans les cas où il ne répand aucune fuliginosité.

Du fourneau pour la distillation des liqueurs spiritucuses. La forme que nous avons donnée à notre alambic exige un fourneau tout autrement construit que ceux qu’on fait ordinairement ; car, comme je l’ai déjà observé, ce n’est pas la grande quantité de combustible qui chauffe le mieux, mais bien la manière de le brûler.

Aussi il est prouvé que les fourneaux d’évaporation, tels qu’ils sont construits aujourd’hui, ne peuvent avantageusement servir aux usages auxquels on les destine. J’ai démontré, dans un Mémoire que j’ai eu l’honneur de lire à l’Institut, que le fond de la chaudière est continuelle-