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en outre, ce qu’on obtient en forçant la petite baguette élastique à se plier en demi cercle vers ce trou. Pour retenir le piège dans cet état de tension, on a une marchette dont l’extrémité est proportionnée à l’ouverture du trou supérieur, fait dans la branche de saule. Cette marchette, présentée au bord de ce trou, y pince le nœud qui attache la ficelle au collet qui y est engagé. Cet obstacle empêche la branche élastique de se rabattre, et de ramener à elle le collet qu’on déploie en rond sur la marchette ; mais, lorsqu’un geai vient à se poser dessus, il la fait tomber ; alors la branche du ressort se détend et tire à elle ce même collet qui serre le geai par les pattes contre le bâton montant. Ce mécanisme joue de la même manière que le collet à ressort de fil de fer communiqué par M. Clavaux, et décrit à l’article Collet.

Dans l’arrière-saison, et pendant l’hiver, on prend les geais qui restent dans nos climats, aux fossettes, qu’on tend avec succès le long des haies et bouquets de bois, pour un grand nombre d’oiseaux. (Voyez Fossette.)

S’il faut en croire quelques ouvrages d’économie champêtre, l’on peut prendre les geais d’une manière assez plaisante, mais que je suis très-éloigné de garantir. On remplit d’huile de noix, ou de toute autre huile bien claire, un vase qui ait la largeur d’un plat ordinaire, et une profondeur de quatre doigts au moins : on le place aux endroits que fréquentent les geais. Sitôt que ces oiseaux se voient dans l’huile, ils voltigent d’abord à l’entour, et, apercevant leur image dans cette espèce de miroir, ils se jettent dans l’huile ; lorsqu’ils en sortent, leurs ailes imbibées de la liqueur grasse se refusent au vol, et on les prend sans beaucoup de peine. Pour cette chasse, il faut être caché dans quelque buisson, afin de ne pas être apperçu par les geais, qui sont très-défians. (S.)


GELINOTTE, (Tetrao bonasia Lin.) oiseau du genre des tétras. (Voyez le commencement de l’article du Coq de bruyère.)

Cet oiseau n’est guères plus gros que la perdrix rouge, et son plumage tient de celui du faisan et des perdrix rouges et grises. Une peau nue et rouge forme au dessus de l’œil une espèce de sourcil, dont la couleur est plus vive dans le mâle que dans la femelle ; le premier se distingue encore par sa gorge noire : la femelle a cette partie grisâtre.

Dans cette espèce, la pariade a lieu aux mois d’octobre et de novembre ; la ponte se compose de douze à dix-huit œufs blancs, et le nid est placé sur la terre même, à l’abri d’un buisson ou d’une bruyère.

La gelinotte se trouve dans les contrées boisées et montueuses de la France. Quoique d’un naturel doux et timide, elle préfère ces sites sauvages à tous autres, parce qu’elle y trouve plus de moyens d’y sauver, des poursuites des hommes, sa liberté et son indépendance. Elle est si attachée à ces biens, que l’on n’a pu encore réussir à la plier même à la demi-domesticité du faisan, et elle a toujours péri dans ces essais, malgré les soins les plus intelligens, excités encore par le désir d’augmenter la consommation d’un gibier aussi recherché. On a donc été réduit à continuer de faire la guerre aux gelinottes.

Chasse de la gelinotte. Cette chasse se fait en automne et au printemps. Pour tuer les gelinottes, il faut chercher les arbres où elles se cachent, et où elles se laissent approcher, quand elles sont une fois blotties dans leurs plumes. On leur tend aussi des collets et des lacets, et on les attire dans des filets, en se servant d’un appeau qui imite leur sifflement ; on le fait avec l’os de l’aile du hibou ou de l’autour ; de la justesse de ce petit instrument dépend le succès de la chasse. (S.)