Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/124

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branches. Les saussais bons à cueillir, sont ceux qui se trouvent assez longs pour que, taillés en gluaux, il leur reste quinze ou seize pouces de longueur ; ils doivent, de plus, être minces, droits, bien filés, d’une bonne couleur. On rejettera les pâles comme de mauvaise qualité, et trop cassans.

On connoît que les saussais sont mûrs quand leurs feuilles se détachent aisément.

Après avoir cueilli la quantité de branches que l’on s’étoit proposée, on les étend pendant deux heures au soleil, s’il y a lieu, ou dans un endroit chaud, tel qu’un four. On les élague ensuite, et on les taille d’égale longueur en les réunissant par le gros bout, et faisant sauter l’excédant des cimes, de manière à leur donner à tous la longueur précitée de quinze ou seize pouces. Ou aiguise la grosse extrémité en forme de coin ; et comme c’est par ce bout qu’on implante les gluaux dans les entailles faites aux arbres pour les recevoir, ils sont, dans cette partie, exposés à un frottement qui les détruiroit bientôt, si on ne prenoit la précaution de les durcir en cet endroit, en les exposant au feu de charbons allumés, ou en les passant dans des cendres bien chaudes.

Après ces premiers préparatifs, les saussais sont en état de recevoir la glu. Au moment de les engluer, on se lave d’huile les doigts, afin de les garantir d’une trop grande adhésion de la matière visqueuse ; puis, d’une main, prenant une poignée de saussais, de l’autre, on leur présente un morceau de glu gros comme une noix, qu’on tient avec deux doigts, qui, filant sur les baguettes, s’entortille autour du paquet qu’on fait tourner dans l’antre main, à peu près comme fait une fileuse qui charge de lin sa quenouille. On recommence ce procédé jusqu’à ce que l’on ait mis assez de glu pour garnir tous les saussais ; Alors, on les prend des deux mains ; puis, les roulant un sur l’autre, par le moyen du frottement alternatif des mains, on force la glu à s’étendre également, et tout du long des baguettes, jusqu’à quatre pouces au plus du gros bout taillé en coin, qu’on laisse net pour pouvoir les manier, placer, et détendre, sans s’engluer.

Les gluaux ainsi préparés se conservent et se transportent dans leur carton. Les oiseleurs nomment ainsi une grande bande de cuir, ou de toile cirée, ou d’écorce de cerisier, d’une longueur à peu près égale à la hauteur des gluaux, et assez longue pour faire environ deux tours autour du paquet qu’elle doit envelopper. Les cartons de cuir sont préférables pour la durée. On a soin de les huiler, afin que les gluaux ne s’attachent pas après ; on maintient ce rouleau au moyen d’une lanière de cuir, ou d’un fort ruban de fil, cousu sur le bord antérieur de l’enveloppe. (S.)


GORS ou GORDS, (Pèche.) On donne ce nom à une construction faite avec des pieux enfoncés dans une rivière, et que l’on dispose en entonnoir dont le bout évasé est tourné vers le courant ; à l’autre bout sont ajustés des Guideaux ou Verveux. (Voyez ces mots.) On établit ordinairement les gors dans les petits bras de rivières formés par des îlots. Le poisson qui y passe, engagé dans les files des pieux et entraîné par le courant dont elles augmentent la vitesse, les suit et entre dans le piège.

C’est aux gors seuls où l’on tend des dideaux, aux arches des ponts, et aux moulins, que l’ordonnance de 169 permettoit de pécher à d’autres heures que depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher ( S.)


GOUJON, (Cyprinus gobio Lin,) poisson du genre des cyprins ou des Carpes. (Voyez ce dernier mot.)