est possible, sur des tablettes, eu les suspendant au plancher ; ces sacs doivent être longs et étroits, d’une moyenne capacité : s’il étoit même possible qu’ils fussent tissus de natte ou de paille, il n’y a pas de doute qu’on ne dût les préférer ; on sait que ce tissu ne s’humecte pas aisément à l’air, qu’il est un mauvais conducteur de la chaleur, et doit maintenir par conséquent la graine dans un état sec et frais.
Indépendamment de ces pratiques générales, usitées par-tout pour conserver les graines, il y en a de particulières, imaginées pour les transporter au loin : M. de Saint-Genis conseille de les mettre dans des bocaux de verre, fermés avec du papier et une toile par-dessus, le tout ficelé ; mais ce moyen ne réussit qu’autant qu’elles sont parfaitement mûres et sèches, car les corps les plus secs en apparence renferment quelquefois encore beaucoup d’humidité, qui tend toujours à s’échapper au dehors ; or, cette humidité trouvant un obstacle invincible à son évaporation, circule dans l’intérieur du vase, se rassemble en masse sur un point qu’elle mouille, et qui occasionne la moisissure ; ce ne seroit peut-être qu’après leur séjour pendant un certain temps dans les sacs, qu’il n’y auroit aucun inconvénient à renfermer les graines dans le bocal. Le moyen de prolonger un certain temps la durée des graines, a occupé également Miller, ce célèbre jardinier a proposé différentes méthodes, entr’autres, celle de les encaisser par couches alternatives dans du sable ou de la terre humide pendant l’hiver, ou de les enfouir à trois ou quatre pieds de profondeur ; mais une précaution sur laquelle il insiste, c’est de ne point leur interdire toute communication avec l’air, afin, selon lui, de maintenir le principe de leur faculté végétative. Les expériences qu’il a faites lui ont prouvé que certaines graines, conservées dans des sacs, levèrent à merveille, tandis que celles qu’il avoit enfermées dans des bouteilles scellées hermétiquement, ne germèrent point ; d’où il conclut que les personnes qui se proposent de tirer des graines de l’étranger, doivent avertir leurs correspondans de se bien garder de les leur envoyer enfermées dans des pots ou des bouteilles bouchées.
Malgré toute ma déférence pour l’opinion de Miller, je suis forcé d’en émettre une contraire à la sienne ; elle est fondée sur les exemples nombreux de graines expédiées par Vilmorin dans nos colonies et aux Grandes Indes, avec l’attention de bien goudronner les bouchons, de sorte que les bocaux étoient parfaitement lutés et hermétiquement fermés ; moyennant cette précaution, ses envois sont toujours parvenus à leur destination, parfaitement conservés. Il a eu le même succès, en plaçant les graines dans des caisses de fer-blanc ou dans des vaisseaux de cuivre, dont les couvercles étoient bien soudés, et qu’on plaçoit dans d’autres caisses solides. On ne peut se dispenser de convenir que l’humidité dont l’atmosphère de la mer est constamment chargée, doit exercer sur des graines qui y seroient exposées, une influence pernicieuse ; il est encore certain que si elles ne sont pas préservées des atteintes des insectes, des rats ou des souris, un envoi entier peut être en peu de temps la proie de ces animaux. On ne devroit donc pas regarder comme préjudiciables des précautions qui tendent à conserver les graines de ces divers accidens ; il est bien vrai que si elles sont emballées avant que d’être parfaitement mûres et ressuyées, (et c’est probablement le cas d’un envoi qui aura été fait à Miller) on hâte par ces précautions mêmes leur destruction, en empêchant l’évaporation de l’humidité qu’elles contiennent, et qui amène nécessairement la fermentation ; mais ces