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Beaucoup d’autres maladies aiguës peuvent être précédées de l’échauffement, telles que la Fourbure, la Péripneumonie, la Maladie rouge. (Voyez ces mots.)

Les animaux d’un tempérament vif, sec, d’un caractère ardent, quelques jeunes sujets sont plus disposés que d’autres à l’échauffement ; il est aussi plus fréquent dans les pays secs, dans les longues chaleurs de l’été, et en hiver.

Les causes qui le déterminent sont la disette et les alimens secs, la chaleur des écuries, des étables, des bergeries ; l’excès de grain donné pour réparer les pertes causées par des travaux forcés, les épis que les moutons mangent dans les champs après la récolte.

Les moutons, les veaux et les bœufs, qui restent quelque temps dans l’échauffement, éprouvent une longue diminution de la transpiration, sont sujets à des démangeaisons et même à la gale ; les poils, la laine tombent ou s’arrachent très-facilement ; les animaux se frottent, perdent de leur poil, en les déglutissant avec les alimens, ou en se léchant les uns les autres ; d’où résulte la formation des gobbes ou égagropiles.

On voit que le plus souvent l’échauffement n’est qu’une disposition maladive, et c’est alors qu’il importe de le traiter avec méthode, pour en éviter les suites.

Les intentions doivent être de prévenir les effets de l’inflammation, de procurer l’évacuation des excrémens qui séjournent dans le canal intestinal, d’exciter doucement les organes à reprendre la plénitude de leurs fonctions.

Il faut, dans les premières vingt-quatre heures, cesser entièrement de donner des alimens solides, puisqu’ils ne pourroient qu’augmenter l’embarras. On pratiquera d’abord la saignée aux chevaux, et on la réitérera le jour suivant, si l’intensité du mal continue ; on donnera un lavement émollient toutes les trois ou quatre heures ; les boissons seront copieuses, et consisteront dans l’eau tiède, blanchie par le son de froment ou par la farine d’orge, dans chaque décalitre de laquelle on mettra un gros de sel de nitre (nitrate de potasse.)

Pour les bêtes à cornes, on donnera en breuvage une forte décoction de son et de graine de lin, avec un peu d’huile d’olive, le tout à la dose de douze à quinze litres par jour pour chaque bête ; on leur continuera ces breuvages jusqu’à ce qu’elles évacuent très-librement : lorsque les matières altérées dans le feuillet sont arrivées dans les intestins, elles prennent un caractère purgatif, qui rend l’évacuation complète ; puis on réparera les forces, sur-tout de l’estomac, au moyen de panades dans lesquelles il entrera du vin, de la bière ou du cidre ; on ne donnera d’alimens solides que peu à peu, et quand l’appétit sera bien décidé ; on continuera l’eau blanchie pendant quelques jours, et on ne remettra que par degrés les chevaux à la nourriture et aux travaux ordinaires.

Les troupeaux dans lesquels la plupart des animaux sont affectés d’échauffement, ne pouvant être traités bête par bête, il faut, si c’est à la fin de l’hiver, les conduire dans des champs ensemencés de blé ou de seigle, afin qu’ils en mangent les feuilles ; ce qu’on appelle effaner.

Ces alimens tendres et nouveaux les purgent dans deux fois vingt-quatre heures ; alors la tige de la plante n’est pas encore montée ; les animaux ne pâturent que les feuilles d’hiver, ce qui ne fait aucun tort ; au contraire, cette opération semble arrêter les sucs nourriciers dans les racines qui se fortifient par-là, et poussent des tiges plus multipliées : l’évacuation s’arrête d’elle-même, quand les matières du canal intestinal sont à peu près renouvelées.