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premières années des plantes très-rapprochées des espèces franches, ne donnent plus, dans la quatrième année de leur existence, que des variétés très-éloignées de ces espèces, quand elles sont presque dépourvues de ce principe.

C’est encore à raison de l’absence presque totale de ce sperme, nécessaire à la reproduction des semences, que les vieux arbres ne donnent plus que des fruits sans pépins ou sans noyaux, quoique plus beaux et plus succulens. D’après cette différence remarquée entre les productions des semences nouvelles et des semences anciennes, on ne doit jamais se permettre dans le commerce de les mêler ensemble.

Moyens de s’assurer de la qualité des graines. Les caractères qui peuvent servir à faire reconnoître la qualité des graines se tirent ordinairement de leur couleur, de leur poids, de leur volume, de leur consistance, de leur forme, des impressions qu’elles font sur les organes, de la plus ou moins grande quantité des corps étrangers qui se trouvent mêlés parmi elles, enfin des atteintes que peuvent y avoir portées les insectes.

On peut établir, comme une maxime générale, qu’une graine qui a l’odeur de moisi ou de rance, ou bien qui est vermoulue, est d’une qualité défectueuse ; il faut choisir de préférence celle qui est pleine, pesante, entière et bien nette : en la mettant sur une feuille de papier, et lui imprimant le mouvement du van, il est facile de juger celles qui ne réunissent pas ces propriétés spécifiques. La submersion tant vantée comme une pierre de touche est équivoque, puisque les graines dans lesquelles l’énergie de la reproduction se trouve tout à fait éteinte, n’en va pas moins au fond de l’eau.

Une excellente méthode, quand elle est praticable, consiste à s’assurer de la qualité des graines, en en semant une pincée sous châssis ou cloches, sur une couche chaude ; ou bien, comme le pratiquent quelques personnes, à défaut de couche, en mettant dans un linge humecté une quantité numérative de graines, dont on forme un petit paquet qu’on enfouit dans un pot rempli de terre, en le tenant près d’un poêle ou d’une cheminée, et l’arrosant d’eau tiède ; on est, bientôt après, en état de juger combien de grains ont germé : cet effet détermine plus puissamment la qualité de la graine, et peut servir à indiquer en même temps combien il est nécessaire d’en employer.

Mais il n’est pas toujours aisé de faire subir aux graines de pareilles épreuves, avec l’attention nécessaire : d’ailleurs elles ne peuvent guères convenir qu’aux semences qui germent facilement, comme celles des crucifères ; et encore ces épreuves sont-elles sujettes à erreur, car une semence germera vigoureusement en apparence, et ne donnera ensuite que des produits médiocres. Il vaut mieux, quand on le peut, s’en tenir aux graines qu’on a cultivées et récoltées sur son propre fonds, conservées conformément aux bons principes ; on est plus certain de la qualité et de l’âge de celles qu’on sème.

La forme, la couleur, le volume et la pesanteur sont tellement variés dans les graines, qu’il est difficile de saisir tous les caractères qui constituent leur perfection, pour déterminer le choix de toutes les espèces ; il faudroit s’arrêter sur chacune d’elles en particulier, et ce travail, malgré toute l’étendue qu’on pourroit lui donner, seroit encore très imparfait. Voici des indications générales, d’après lesquelles il est permis de prononcer sur la qualité de quelques unes des graines qui sont les plus usitées.

Graines potagères. Les plantes potagères dues aux travaux du jardinier, aux engrais, à la qualité du sol, au hasard, à des alliances végétales bien assorties, à l’action diminuée ou augmentée de l’eau, de l’air et de la lumière, demandent tou-