Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/143

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qui a plus de qualité et conserve plus longtemps sa propriété végétative ; mais il faut convenir que ce soin est indispensable pour le concombre, parce qu’on le mange toujours avant sa maturité ; il est possible de l’éviter pour le melon et les courges, qu’on ne cueille ordinairement que quand ils sont mûrs.

Graines de prairies naturelles et artificielles. Il arrive souvent que, quand on n’a pas recueilli sur son propre fonds la graine des prairies naturelles, et qu’on est obligé d’en acheter, on court les risques de n’avoir que des débris de greniers à foin, de couvrir son terrain de mauvaises herbes, et qu’on ne vient à bout de détruire par la suite qu’à force de travail et de frais. Pour se procurer de la graine de bonne qualité, c’est toujours sur le second foin qu’il faut la faire cueillir ; elle est plus mûre et par conséquent mieux nourrie.

Dès que l’herbe est sur le point d’être fauchée, on coupe les sommités de la graine, qu’on étend sur une toile pour es faire sécher au soleil ; on les bat avec précaution, et on garde la graine dans des sacs bien fermés, jusqu’au moment des semailles. Cette méthode, quand on peut l’employer, est bien préférable à l’usage de prendre des graines de prairies sous les tas de foin ; outre qu’elle produit des graines plus mûres et de meilleure qualité, elle laisse encore au propriétaire la facilité de ne faire ramasser que celles des plantes de son pré qu’il juge les plus avantageuses à multiplier, et les plus convenables au terrain qu’il veut ensemencer. Cet objet est d’une grande importance, et il seroit à désirer que les propriétaires s’attachassent à reconnoître d’une manière précise la qualité des diverses plantes qui composent les prairies, afin d’avoir la faculté de faire détruire celles qui sont nuisibles ou peu productives, et multiplier au contraire les bonnes espèces.

Il n’est pas facile de prescrire quelque chose de positif sur la quantité de semences qu’on doit répandre dans un arpent ; elle dépend de la qualité du terrain, de la nature de la plante, et de l’usage qu’on veut en faire : nous ferons cependant une remarque, c’est que, pour les plantes à prairies, il n’y a pas autant d’inconvéniens à employer un peu trop de semences, parce que le fourrage en est plus fin et infiniment meilleur ; en général, les plantes vivaces demandent à être semées plus claires que les annuelles, et elles doivent l’être d’autant moins, qu’elles sont plus vivaces. La graine de pré nouvelle est toujours ordinairement préférable à celle de deux ou trois ans. Il existe un grand nombre de méthodes pour récolter les graines des plantes qui composent les prairies artificielles : celle qui paroît la meilleure consiste à les recueillir un peu avant leur maturité, à choisir celle qui provient de la seconde coupe pour la luzerne, ainsi que pour le trèfle, et celle de la première pour le sainfoin.

La bonne graine de luzerne doit réfléchir une couleur jaune très-éclatante, et avoir beaucoup de pesanteur ; elle est détériorée dans ses qualités, dès qu’elle est verdâtre ou noirâtre ; il en faut vingt livres par arpent, plus ou moins, suivant le sol. Celle de sainfoin doit être d’un jaune doré, ou d’une couleur un peu rembrunie, mais brillante, et l’amande tirée de sa coque, dans laquelle on la vend toujours, doit être d’un jaune clair et fléchir plutôt que de se casser sous la dent : lorsqu’elle est verte ou noire, c’est la preuve qu’elle a été récoltée avant sa maturité ou qu’elle est vieille ; il en faut cent vingt-cinq à cent cinquante livres par arpent. Enfin le trèfle de deux ans est celui qui produit la meilleure semence ; elle est d’une couleur vive, brillante, composée partie de graines d’un jaune clair et partie d’une jolie couleur