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qui ne sont pas précisément destinés pour la bouche. (Ch. et Fr.)


GREFFE, (Jardinage pratique.) Addition. Les nombreux avantages qui dérivent de la greffe, pour la prompte multiplication des espèces précieuses et l’amélioration de leurs fruits, devoient nécessairement fixer les regards des cultivateurs instruits des lois de la physique végétale, qui étudient la marche de la nature dans une pratique éclairée. Il en est résulté des méthodes nouvelles, des procédés plus parfaits, d’une réussite plus certaine, et plus de clarté dans l’exposition des manières diverses d’opérer. Nous nous faisons un devoir de les consigner dans un ouvrage où notre désir est de décrire toutes les méthodes avantageuses pour la prospérité des campagnes.

La théorie de la greffe consiste à appliquer et faire coïncider exactement les écorces des greffes avec les sujets ; à choisir les époques les plus avantageuses des mouvemens de la sève ; à ne greffer l’une sur l’autre que des variétés de la même espèce, des espèces du même genre, ou des genres d’une même famille ; à observer l’analogie des végétaux dans le mouvement de leur sève, dans la permanence ou la caducité de leurs feuilles, et dans la qualité de leurs sucs propres ; enfin à mettre de la célérité dans l’opération et de la justesse dans l’union des parties.

Les époques auxquelles on doit greffer, sont, la sève montante pour les greffes en fente, en couronne, par juxtaposition, et pour les écussons, à œil poussant ; la sève au milieu de son cours pour quelques arbres résineux ; et la sève descendante pour les jeunes sujets très-abondans en sève, et greffés à œil dormant.

On distingue quatre sortes de greffes, savoir : par approche, en fente, par juxtaposition, en écusson, lesquelles se divisent et se subdivisent en plusieurs autres.

La greffe par approche se fait sur tronc et sur branches. La première, de trois manières : 1°. en réunissant les deux troncs par un point de contact et conservant à chacun sa tête ; 2°. en coupant la tête du sauvageon pour la remplacer par celle de l’arbre utile ; 3°. un arbre ou plusieurs étayant une tête d’arbre utile, dont le tronc est vicié et menace ruine.

La greffe par approche sur branches se fait de cinq manières : 1°. Deux arbres étêtés greffés par une de leurs branches latérales ; 2°. plusieurs branches de différens arbrisseaux composant une haie, greffés sur plusieurs points ; 3°. branches d’un franc planté en terre et greffé par son extrémité supérieure sur un sauvageon ; 4°. plusieurs jeunes plants dont les tiges réunies dans un cylindre se soudent ensemble et ne forment plus qu’un tronc ; 5°. quatre quartiers, de quatre espèces d’arbres différens réunis en un seul tronc, et ne devant pousser que par l’œil de l’extrémité du bourgeon.

La greffe en fente se fait dans le cœur du bois, ou en couronne. Dans le premier cas, elle est dite en poupée, lorsque le jeune tronc, ou les grosses branches fendues, portent deux greffes de bourgeons d’arbres francs, et elle est dite en croix, lorsque le jeune tronc, ou les grosses branches, sont fendues en quatre parties, et portent quatre greffes d’arbres francs. Dans le second cas, elle se subdivise en quatre sortes : 1°. à cinq bourgeons, lorsque les greffes sont placées entre le bois et l’écorce sans fendre le cœur du bois ; 2°. à six bourgeons, lorsque les greffes sont placées entre le bois et l’écorce sans fendre le premier, mais en incisant la seconde ; 3°. à l’anglaise, lorsqu’on place sur un jeune sujet un rameau d’égale grosseur, et lorsqu’on les assujettit au moyen d’une double entaille ; 4°. à oranger, lorsqu’on remplace la tige d’un oranger de deux à trois ans, par un rameau du même arbre fleurissant.

On compte cinq espèces de greffes par juxtaposition :

1°. En anneau, dans laquelle on enlève un anneau cortical d’une tige de sauvageon, et on le remplace par un anneau d’arbre franc portant un ou deux boutons à bois.

2°. En flûte, qui consiste à enlever sur un sauvageon un cylindre d’écorce de sa tige supérieure, et le remplacer par un cylindre de pareille dimension et muni de plusieurs yeux d’arbres francs.

3°. En cheville, dans laquelle on fait un trou, dans le corps du bois d’un sauvageon, et on le remplit par un bourgeon taillé en forme de cheville, tiré d’un arbre franc.

4°. En spatule, qui consiste à faire une entaille dans le corps du bois d’un sauvageon, d’un demi-pouce de profondeur, et le remplir par un bourgeon d’arbre franc, taillé en spatule.

5°. Par inoculation, c’est-à-dire, en relevant un bouton à fleur d’une branche pour la porter sur une autre du même arbre.

La greffe en écusson se fait aussi de cinq manières. On dit qu’elle est à œil sans bois, lorsque l’écusson est dénué de la petite portion d’aubier avec laquelle on le lève ordinairement ; à œil boisé, lorsqu’il y a une petite