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des profondeurs, et au delà de dix mètres (ou trente pieds environ.)

La pompe foulante aspirante ordinaire, ne peut élever l’eau à plus de trente-deux pieds.

Le bélier hydraulique de M. Mongolfier est une machine tellement ingénieuse, qu’il a fallu, pour croire à ses effets, la voir marcher et agir ; mais elle est dispendieuse, ne peut être exécutée et entretenue que par des artistes habiles. Il faut la réserver pour les entreprises publiques, ou pour les jardins de luxe. On peut, par son moyen, obtenir avec la plus petite chute d’eau, des jets d’eau très-agréables, ou porter l’eau à de très-grandes hauteurs : mais je ne puis conseiller de confier cette machine aux mains inhabiles des habitans de nos campagnes. Au reste elle est si généralement, si honorablement connue aujourd’hui, que je me dispenserai de le décrire.

La planche II représente une machine très-simple pour élever des eaux à une grande hauteur.

Mais on ne peut dissimuler que tous ces instrumens hydrauliques ne sont utiles que pour des terrains de peu d’étendue, et ne procurent qu’un volume d’eau déterminé.

Le moulin ou polder hollandais est le moyen par excellence pour enlever les grandes masses d’eau ; mais il est bien peu de terrains en France qui puissent supporter la dépense de la construction et celle de l’entretien de cette machine. Il faut donc diriger toute son industrie vers les moyens de s’en passer.

Rozier, ayant parlé de l’irrigation des jardins, et les mêmes principes pouvant s’appliquer aux prairies de peu d’étendue, je me suis renfermé dans mon objet, l’irrigation des dessèchemens.

Je terminerai cet article par la description d’un compas très-simple pour donner une pente uniforme au terrain, aux canaux, aux saignées, sans recourir aux niveaux d’eau, etc. ; car nous n’oublierons jamais que c’est pour des cultivateurs que nous écrivons, et non pour des gens de l’art.


Explication des figures de la Planche II.
Figure Iere. élévation de la pompe.
A, corps de la pompe.
B, colonne montante.
C, tuyau latéral pour la sortie de l’eau.
D, partie supérieure de la colonne montante fermée hermétiquement, et servant de réservoir d’air, dont la compression rend le jet d’eau continu. Si l’on veut se servir de cette pompe pour un incendie ou des arrosemens, un tuyau en cuir ou toile forte terminé par une tête d’arrosoir, peut arriver à de grandes distances, sans être obligé de transporter l’eau.
E, levier du second-genre, portant une molette e, servant à faire agir le piston.
Ce levier peut être prolongé, comme on le voit figures 10, et alors deux personnes peuvent, sans aucune fatigue, faire mouvoir deux corps de pompe, figure 10.
F, figures 1 et 2, tige du piston portant sur un de ses côtés une entaille formée par deux morceaux de bois, entre lesquels se place la molette du levier.
G, bride qui dirige et maintient la tige du piston et l’empêche de fléchir.
H, brides qui fixent et consolident la jonction du corps de pompe avec la colonne montante.
I, trou par où l’eau monte dans le corps de pompe, si l’on désire que le corps de pompe soit toujours hors de l’eau, pour pouvoir le visiter, le réparer avec facilité ; dans le milieu d’un puits, par exemple, il faut supprimer les trous l, et prolonger le corps de pompe par le tuyau l, T, figures 1, 6, 7, 10, et 12.
K, figure 2 ; piston plein ou massif, avec sa tige, ou séparément.
Figure 4, plan du levier E.
Figure 5, pièces qui composent la bride G.
Figure 3, partie de la tige qui montre la molette e, que porte le levier, et qui se place dans la molette f.