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Lorsque les ouvriers sont fatigués, celui qui est à la tête donne le signal du changement de pied, en frappant avec la traverse un coup sur les bords du canal.

La laine suit le cours de l’eau, et va se rendre dans la cage M, où elle est retenue par le filet dont cet instrument est recouvert. Deux ouvriers placés dans l’intérieur, aux deux extrémités, et ayant l’eau jusqu’au genou, retirent avec leurs mains la laine à mesure qu’elle arrive, et ils la jettent sur le plancher P : un troisième ouvrier presse cette laine sous ses genoux ou entre ses mains, et l’apporte à un quatrième qui l’arrange en meules coniques sur le plancher Q, où on la laisse égoutter pendant quelques heures, ou même durant toute la nuit, si c’est le soir qu’elle a été entassée. Il faut avoir soin d’étendre un linge grossier du rebord de la cage au dessus du plancher P, afin d’éviter la perte des flocons de laine qui, sans cette précaution, tomberoient entre la cage et le canal, et seroient entraînés par les eaux.

Il y a des lavoirs où l’on n’étend la laine sur le séchoir qu’une fois par jour, c’est-à-dire qu’on la laisse une partie du jour et toute la nuit sur le plancher, et qu’elle n’est portée au séchoir que le lendemain. On la transporte sur des civières O, dont nous avons donné la construction. On la jette en tas, et puis on la répand par flocons sur le séchoir, où on la laisse un ou deux jours, selon l’état de l’atmosphère, en la retournant une ou plusieurs fois.

Lorsque la laine est au degré de siccité convenable, on la ramasse et on la dépose dans un magasin où se fait l’emballage. On entasse séparément chaque sorte, et on recouvre les tas avec des toiles, afin de ne point les confondre.

Comme les laines contiennent, même après un bon lavage, des brins d’herbe, ou d’autres matières de cette nature, il est nécessaire de les éplucher avant que de procéder à l’emballage. On pose sur une table r, percée à jour, que les Espagnols nomment sarco, et dont j’ai donné la description, une certaine quantité de laine qu’on bat avec une gaule. Le mouvement communiqué à la laine, fait tomber sous la table la plus grande partie des corps étrangers qu’elle contient : le reste est enlevé à la main.

Lorsque ce travail est achevé, on emballe les laines, et l’on appose sur chaque balle la marque du propriétaire, celle de la qualité de laine qu’elle contient, et les numéros qui indiquent son poids.

Pour procéder l’emballage des laines, on lie un sac de grosse toile, par les quatre coins de son ouverture, avec des cordes qu’on fixe au plancher supérieur de la pièce où l’on travaille. Après avoir rempli ce sac à moitié, on pose sur la laine une pierre qui pèse environ cent livres, et un homme placé sur cette pierre foule, avec ses pieds et avec l’instrument indiqué par la lettre S, la laine, à proportion qu’elle est jetée dans le sac par un autre ouvrier. Il soulève de temps à autre cette pierre pour placer au dessous la laine qu’on a mise dans le sac. L’instrument dont il se sert pour ce foulage est formé par un manche long de neuf décimètres, et une espèce de massue longue de quatre décimètres trois centimètres. Elle a douze centimètres de large à l’origine du manche, et six à son extrémité. Elle a environ cinq centimètres dans sa plus grande épaisseur ; elle est armée d’une lame de forte tôle, qui a trois décimètres de long, et qui se termine par cinq dents.

Vingt-cinq livres de laine en suint donnent communément, après avoir été lavée, de onze à douze livres. Il y en a qui ne donnent que dix livres, et d’autres que neuf livres et demie.

On calcule, en général, que vingt livres de laine triée et lavée, rendent en qualités différentes, dans la proportion de