Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/294

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terres, de végétaux qu’ils cultivent ; de cette influence dépendent en grande partie les bonnes ou mauvaises récoltes ; car, a dit un ancien, annus fructificat non terra, Une suite d’observations bien faites dans cet esprit pourra, dans la suite, aider à prévoir la récolte à laquelle on doit s’attendre, lorsqu’on saura par expérience que telle température est ordinairement suivie d’une bonne ou d’une mauvaise récolte, et que l’influence des températures varie selon la nature des terres que l’on cultive.

J’ai donc rédigé un plan d’observations particulièrement applicable à l’agriculture, et que tout cultivateur pourra suivre aisément, ayant l’attention de consigner dans un registre les observations analogues à ce plan, en suivant la méthode que je vais tracer, pour suppléer aux observations des instrumens auxquels un cultivateur ne peut pas s’astreindre ; je donnerai ensuite un calendrier météorologique qui indiquera pour chaque jour le degré moyen de chaleur qui doit avoir lieu dans le climat de Paris, et d’une bonne partie de la France. C’est le résultat d’observations faites à Montmorency pendant vingt ans. J’aurois pu joindre à ce calendrier les élévations moyennes du baromètre, les vents dominans, et l’état du ciel pour chaque jour. Mais on sait que les hauteurs du baromètre varient, selon que les lieux où l’on observe sont plus ou moins élevés ; il en est de même des vents, dont la direction est souvent déterminée par le local : ainsi le voisinage d’une montagne, d’un bois, change la direction du vent, le réfléchit.

Faisons d’abord sentir l’utilité des observations météorologiques appliquées à l’agriculture. On ne peut, en effet, disconvenir que, si les bonnes ou les mauvaises récoltes dépendent de la nature des terres auxquelles on a confié la semence, et des préparations qu’elles ont reçues, elles me dépendent aussi de la température de l’air, de l’influence des météores, des circonstances plus ou moins favorables où ils ont eu lieu. Il est donc intéressant de connoître, autant qu’il est possible, cette influence, bonne ou mauvaise, qu’ils peuvent avoir sur les productions de la terre, en comparant les progrès plus ou moins lents de la végétation avec les variétés observées en même temps dans la température de l’air. Cette comparaison n’est pas un simple objet de curiosité : elle apprendra au cultivateur ce qu’il a à craindre d’une température qui semble d’abord ne faire aucun mal apparent à ses grains, mais dont les suites peuvent cependant leur être très-préjudiciables ; elle l’instruira des précautions qu’il doit prendre pour les prévenir, s’il est possible ; elle fera connoître au naturaliste l’origine des maladies auxquelles les grains sont exposés ; et la cause une fois connue, il sera plus facile d’y apporter remède.

L’utilité de ces sortes d’observations a été sentie par le savant et estimable Duhamel du Monceau. Il avoue, dans la préface de ses Elémens d’agriculture, que les résultats de ses observations lui ont été fort utiles, pour la composition des divers ouvrages qu’il a publiés sur les différentes branches de l’art agricole. Pour familiariser les cultivateurs de son canton avec les instrumens météorologiques, il avoit établi dans la cour de sa ferme, à Denainvillers, un baromètre qu’ils alloient consulter et auquel ils avoient pris confiance. Le savant agronome leur avoit fait comprendre que la condensation et la raréfaction de l’air influoient singulièrement sur les progrès de la végétation, ainsi que son état de sécheresse et d’humidité ; de là, leur disoit-il, la nécessité d’observer le thermomètre dont