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M. le Verrier de la Conterie attribue la maladie à une humeur qui fermente dans le sang et qui le corrompt. Il purge avec une pinte de bouillon de tête de mouton, et ordonne comme préservatif la saignée dans le printemps et l’été, au commencement de la lune[1]

M. Paulet conseille les trochaïques de minium à l’encolure ou aux fesses, pour empêcher les dépôts sur les articulations.

M. Berniard[2] prescrit l’éther dans le lait pour s’opposer au spasme.

M. Arquinet, vétérinaire, l’a observée à Pézenas au mois de juillet 1787.

M. Barrier, vétérinaire à Chartres, qui a publié un Mémoire sur la maladie des chiens, a observé que dans l’arrondissement qu’il habite, beaucoup de chiens et de chats ont péri de cette même maladie pendant les hivers de 1782, 1783 et 1784[3]. Il la regarde comme humorale : le sac biliaire paroît, dit-il, contenir la cause de tous les désordres ; il est d’une ampleur extrême ; la bile y est souvent concrète ; cette surabondance de bile et ses qualités sont les causes efficientes de la maladie.

Il conseille la saignée, les vomitifs, les purgatifs, les antispasmodiques et le séton.

Il prescrit la saignée seulement quand il y a coma, rougeur des yeux, difficulté de respirer sans spasme.

Il donne pour vomitif trente grains d’ipécacuanha en deux doses.

Il purge avec un gros de jalap dans un verre d’eau tiède, ou avec une once de sel d’Epsom.

Il réitère ces moyens, et quelquefois il les alterne. Il emploie comme antispasmodique, l’éther, et l’opium extrait à l’eau de trois jusqu’à douze grains.

Il a expérimenté que le séton est nuisible lorsqu’il y a des convulsions, parce qu’il excite le vomissement, des dévoiemens, le tétanos, etc. Dans les cas contraires, il place à la partie supérieure du cou un séton ou une ortie, dont il excite l’action par l’onguent vésicatoire.

Nous l’avons vue très-répandue aux environs de Paris, dans les années 1799 et 1800 : nous la traitons fréquemment à l’École d’Alfort.

Nous ajouterons enfin que le vulgaire, dans cette maladie, applique des emplâtres de poix sur la tête ; coupe les oreilles et la queue, donne des prises de tabac ou d’ellébore en poudre, verse par les naseaux du vinaigre dans lequel on a mis du poivre ; fait avaler du tabac dans de l’huile d’olive, etc.

Il en est encore qui mettent un petit bâton de soufre dans l’eau qui sert de boisson aux chiens, pour les préserver de la maladie ; mais le soufre employé de la sorte, ne se dissolvant pas, est sans effet.


Symptômes de la maladie des Chiens.

Premier degré. La tristesse et la pesanteur de la tête, une espèce de stupeur, se manifestent tout à coup, le plus souvent sans nul autre prélude ; l’animal s’ébroue fréquemment, et est enchifrené ; les yeux deviennent ternes, troubles, verdâtres ; la prunelle se dilate, le râle se déclare, ainsi qu’un flux par les naseaux qui sort par filets, dont la matière est ou blanchâtre ou verdâtre, et d’abord assez fluide ; mais elle s’épaissit bien vite, elle se colle et s’agglutine à l’orifice des

  1. . Vénerie Normande, in-8o. Rouen, 1778.
  2. Lettre du 28 mars 1784, insérée dans le Journal de Phrsique de la même année, tome 45, page 258, et tome 46, page 118 ; dans la Bibliothèque Physico-Economique, année 1784, page 305.
  3. Instructions Vétérinaires. Paris, Huzard. Année 1794, page 122.